Hind Ennaira, étoile montante de la Tagnaouite, incarne une nouvelle génération d’artistes gnaoua. Native d’Essaouira, elle a troqué les terrains de basket pour la scène musicale, avec une énergie et une authenticité rares. Entre tradition et modernité, elle trace son propre chemin, sans revendiquer le titre de Maâlma, mais avec un profond respect pour cet héritage. À l’occasion de la 26ème édition du festival Gnaoua et Musiques du Monde, elle a relevé le défi d’offrir à son public un concert solo entièrement traditionnel.
Le360: Vous avez performé en solo lors du concert de clôture, samedi 21 juin, sur la scène Moulay El Hassan. Qu’avez-vous préparé pour le public ?
Hind Ennaira: C’est ma troisième participation au festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira. Je suis très heureuse de partager cette culture et cette musique avec un public aussi chaleureux. En tant que native d’Essaouira, je suis très fière de cet événement.
«J’ai progressé petit à petit jusqu’à pouvoir me produire sur de grandes scènes comme celle de Moulay El Hassan ou sur la plage.»
— Hind Ennaira, musicienne
Vous êtes originaire d’Essaouira. Vous avez été basketteuse professionnelle, puis vous avez travaillé dans le tourisme. Est-ce le festival Gnaoua qui vous a donné envie de devenir musicienne ?
Il est vrai que je viens d’un tout autre milieu... J’ai été basketteuse professionnelle, j’ai travaillé un peu dans le tourisme, puis j’ai découvert Tagnaouite. Le festival d’Essaouira a beaucoup contribué à faire évoluer ma carrière et à me faire connaître. Comme vous le savez, des gens du monde entier viennent assister à ce festival. J’ai progressé petit à petit jusqu’à pouvoir me produire sur de grandes scènes comme celle de Moulay El Hassan ou sur la plage.
Contrairement à d’autres artistes gnaouies comme Asmaa El Hamzaoui, vous ne revendiquez pas le titre de «Mâalma». Pourquoi ?
Honnêtement, on ne peut pas attribuer le titre de Mâalem ou Mâalma à la légère. J’ai beaucoup de respect pour cette appellation. Bien sûr, cela me touche quand on m’appelle Mâalma, mais je ne peux pas me l’attribuer.
J’ai choisi la voie de la fusion, j’ai donc beaucoup travaillé sur la technicité de la musique Gnaoua en la mélangeant à d’autres sonorités. L’art de Tagnaouite est très vaste, je ne cesserai jamais d’apprendre. Mais cette année, je me suis fixé un défi: jouer un répertoire traditionnel, sans fusion, lors de mon concert sur la scène Moulay El Hassan.
«Ce n’est pas facile pour une femme de se faire une place dans le monde Gnaoua, mais grâce à ces grands Maâlems qui m’ont toujours encouragée, j’ai pu avancer.»
— Hind Ennaira, musicienne
Pour interpréter ce répertoire traditionnel, quels sont les Maâlems qui vous ont transmis cet héritage ?
Il y en a plusieurs. Chaque Maâlem a sa touche, son feeling. Je ne pourrais pas en citer un en particulier. Je me suis inspirée de nombreux Maâlems à travers le Maroc: à Essaouira, à Marrakech, dans le Nord... Ce n’est pas facile pour une femme de se faire une place dans le monde Gnaoua, mais grâce à ces grands Maâlems qui m’ont toujours encouragée, j’ai pu avancer.
Comment envisagez-vous votre carrière à l’international dans les prochaines années ?
Je me suis déjà produite au Maroc et dans plusieurs pays à travers le monde. J’ai notamment joué avec l’Orchestre andalou d’Amsterdam, aux Pays-Bas, dans un concert de fusion entre musique Gnaoua et musique andalouse. J’ai aussi participé à des festivals de jazz. Et je pense que le meilleur reste à venir.








