Avant même de pénétrer dans le Palais des congrès, Fernando Solanas confiera, sur le tapis rouge du Festival de Marrakech : "C’est la première fois que je viens dans cette ville magnifique, une ville légendaire. Et je suis heureux d’assister à ce festival qui met en avant de jeunes cinéastes et des films extraordinaires". En l’occurrence, c’est à lui, à cette grande figure du cinéma de résistance, que rendait hommage, ce soir-là, le festival de Marrakech. Le réalisateur Noureddine Lakhmari a présidé cette émouvante cérémonie d’hommage à un grand cinéaste engagé dont des extraits de films ont rythmé cette inoubliable soirée : "C’est un grand honneur pour moi de rendre hommage à Fernando Solanas, un réalisateur d’exception, qui a su démontrer que le cinéma est un art vivant, un porte-parole", a déclaré l’auteur de "Zéro" et président du jury de la catégorie court-métrage de la présente édition du festival, avec de remettre à ce véritable combattant qu’est le cinéaste argentin l’Etoile d’or en reconnaissance de son œuvre, immense. Un moment salué par une standing ovation d’un public venu nombreux exprimer son admiration à un homme de talent et de courage a travaillé à faire du cinéma un espace de libération de la parole et des consciences.
Un cinéma de résistance
Celui que l’on a surnommé "l’agitateur latino-américain" a accueilli cet hommage avec une grande émotion qui a embué son regard et c’est d’une voix serrée qu’il a prononcé ces mots en remerciement à l’honneur qui lui a été fait : "Merci à SAR le Prince Moulay Rachid, président de la Fondation du FIFM. Merci à Marrakech, cette merveilleuse ville carrefour du cinéma mondial", a-t-il dit avant d’ajouter : Ce festival de Marrakech est "un grand festival de cinéma et un point de rencontre de tous les langages culturels et artistiques".
L’honneur était pour le festival et les festivaliers d’avoir pu rencontrer ce grand réalisateur et documentariste qui n’a cessé de lutter pour la justice, la liberté et la dignité. Né à olivos, Buenos Aires, en 1936, Fernando Solanas a d’ailleurs été contraint à l’exil durant la dictature militaire en Argentine. Musicien et homme de Lettres, Fernando Solanas a d’abord étudié le piano et la littérature avant d’intégrer l’Ecole nationale d’Art dramatique de Buenos Aires. Il sera le symbole d’un cinéma de résistance avec, d’abord, la fondation d’un groupe indépendant de production et de diffusion de film pour lutter contre désinformation et œuvrer à la promotion d’un circuit alternatif d’opposition à la dictature. Le guérillero du cinéma sortira, en 1966, "L’heure des brasiers", son premier film, entre fiction et documentaire, un film qui sonnera l’heure de la rébellion dans la dénonciation.




