Le Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira a pris fin le samedi 24 juin. Cette édition 2023 a réuni près de 300.000 festivaliers durant trois jours. Au total, 480 musiciens venus du Maroc et de 15 pays ont fait résonner les musiques du monde bien au-delà des murailles de la ville, avec une cinquantaine de concerts programmés. États-Unis, Burundi, Pakistan, France, Allemagne, Belgique, Cuba… les musiciens du monde ont, encore une fois, répondu présents à l’invitation des maâlems Gnaoua.
«Un engouement des artistes internationaux et une confiance que le festival a réussi à construire au fil des années à force de persévérance, d’obstination et de détermination et surtout grâce à sa philosophie originelle, dont le festival ne s’est jamais départi, basée sur l’esprit de partage, de découverte et de fraternité», soulignent les organisateurs dans un communiqué diffusé le dimanche 25 juin.
Cette édition fut également exceptionnelle par sa programmation pointue, mais accessible, sous le signe de la communion, la joie et le partage. Pendant trois jours, plus de 35 mâalems, maîtres du festival, ont offert des moments intemporels, transportant le public entre fusions audacieuses et pure tradition gnaouie.
La traditionnelle parade a donné le ton avec son cortège de sons et de couleurs pour emmener les festivaliers vers un concert d’ouverture fait de la rencontre de deux arts ancestraux et inscrits au patrimoine universel de l’UNESCO. Les Tambours du Burundi, représentés par la compagnie Amagaba, et l’art de la tagnaouite, illustré par les frères Kouyou, ont fusionné, accompagnés par les solos lancinants du saxophoniste Jaleel Shaw et ponctués de moments de grâce interprétés par la chanteuse Sanaa Maharati.
La soirée du jeudi 22 juin a également offert un moment de partage et de fête avec l’électrique Selah Sue qui a exprimé sa joie de découvrir un public des plus stimulants. Son concert restera dans la mémoire des festivaliers, mais également dans celle de la chanteuse belge qui n’a cessé de rappeler sa fascination pour l’énergie débordante du festival.
Plus tard, la complicité entre l’intrépide maâlem Khalid Sansi et le band le plus bouillonnant de la musique afro-cubaine El Comité a prouvé, s’il en était besoin, que les sonorités africaines ont traversé le monde pour revenir à la source, nourries d’influences diverses.
Hoba Hoba Spirit, 20 ans après
La fête se prolonge dans un climat d’euphorie avec des artistes venus des 4 coins de la planète. Hoba Hoba Spirit livre un concert d’anthologie et électrise la foule de la place Moulay Hassan. Accompagnés de leurs membres historiques Anouar Zehouani et Othmane Hmimer, qui ont fait le déplacement depuis l’étranger, ont offert, 20 ans après leur première participation au Festival, l’un des plus beaux concerts de leur carrière. Une foule, de jeunes, de moins jeunes, de nationaux, d’étrangers, reprenant en chœur les paroles de leurs tubes dont «Bienvenue à Casa» réinterprété sur scène en «Bienvenue à Essaouira».
La soirée du vendredi 23 juin a apporté son lot de moments d’exception avec un deuxième concert d’El Comité et la performance très réussie de Fehd Benchemsi & The Lallas au Borj Bab Marrakech.
Eliades Ochoa, le monstre sacré
Sur la place Moulay Hassan, le mythique Eliades Ochoa, l’un des plus grands soneros de l’histoire de la musique afro-cubaine et membre du projet Buena Vista Social Club a plongé les quadragénaires dans une belle et douce nostalgie et séduit les plus jeunes par ses rythmes entraînants.
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Remplie de spiritualité et d’énergie positive, la fusion entre le maître du Qawwalî Ali Faiz Ali et les Aissawa de Fès, «Nass El Hal» a galvanisé la foule, avant que les trublions du rock marocain ne l’entraînent dans une joyeuse tornade musicale.
Enfin, la soirée du samedi 24 juin a offert aux festivaliers un ascenseur émotionnel des plus puissants. Entre fusions savantes, énergie débordante et rythmes du monde. Sur la scène du Borj Bab Marrakech, le Trio Joubran, a rendu un vibrant hommage à Mahmoud Darwich et fait chanter à l’unisson un public conquis.
L’un des moments forts de cette édition aura été, certainement, la rencontre entre le plus éclectique des mâalems marocains, Majid Bekkas, avec le talentueux vibraphoniste David Partois, le génie du rythme du spoken word, cet ancêtre du slam, le percussionniste argentin Minino Garay, le batteur Mokhtar Samba ainsi que le saxophoniste Axel Camil. Une sortie de résidence qui a illuminé le ciel d’Essaouira de mille et une étincelles.
Plus tard, c’est toute le puissance des divas d’Afrique qui s’est exprimée sur scène avec la rencontre des Amazones d’Afrique et Asmaa Hamzaoui et Bnat Timbouctou. Un concert qui a confirmé l’enracinement profond et indéfectible du festival dans son continent.
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Fusion, partage et métissage encore une fois avec l’un des meilleurs concertistes marocains, Maâlem Hamid El Kasri accompagné de Jaleel Shaw, Torsten de Winkel et Mustapha Antari, et une foule toujours aussi emportée par cette alchimie si précieuse, née de la rencontre entre les meilleurs musiciens du monde et la musique des maîtres Gnaoua, dont seul le festival a le secret.
Clôture en apothéose, sur la scène de la plage également avec le célèbre groupe Gnawa Diffusion, porté par son leader charismatique Amazigh Kateb, qui a retrouvé son public d’Essaouira, après plusieurs années d’absence. Un concert explosif, devant un public qui n’a pas caché son enthousiasme.