Exposition «Les météorites messagères du ciel»: visite guidée avec son initiatrice, la géologue Hasnaa Chennaoui

L’expo Musée «Les météorites messagères du ciel: origines»: Visite guidée avec son initiatrice

L’exposition «Les météorites messagères du ciel: origines» qui se tient à la Marina de Casablanca.

Le 20/07/2024 à 18h07

VidéoL’exposition sur les météorites du ciel se poursuit jusqu’en décembre 2024 à la Marina Mall de Casablanca. L’initiatrice de ce projet, la professeure géologue Hasnaa Chennaoui revient sur l’événement avec Le360.

Hasnaa Chennaoui est sans conteste la madame Météorite du Maroc! Celle qui préside la Fondation Attarik pour les météorites et les sciences planétaires est derrière l’organisation de l’exposition «Les météorites messagères du ciel: origines» qui se tient depuis deux ans à la Marina de Casablanca.

Dans cette visite guidée pour Le360, cette enseignante-chercheuse à la faculté des sciences de Aïn Chock de l’Université Hassan II de Casablanca évoque les raisons de l’organisation de cette exposition et l’importance de la transmission du savoir autour de la fabuleuse histoire des météorites.

Le360: l’expo «Les météorites messagères du ciel: origines» est installée ici depuis deux ans? Quelle est l’idée directrice qui a façonné cette exposition?

Hasnaa Chennaoui: l’idée directrice est celle du partage du savoir. La Fondation Attarik pour les météorites et les sciences planétaires est une association qui possède quatre objectifs, dont la promotion scientifique des météorites, la planétologie au Maroc, la valorisation du patrimoine géologique extrêmement riche et la diffusion du savoir.

La conception de cette expo-musée, c’est justement le partage du savoir, la possibilité donnée aux enfants des écoles et aussi au public de découvrir les richesses du Maroc, aussi bien en termes de sciences que de patrimoine géologique de météorites, fossiles, minéraux, mais aussi en ce qui concerne l’apport de nos savants musulmans aux sciences et à l’astronomie…

Nous avons eu également la possibilité de mettre en place un planétarium pour pouvoir observer les merveilles du ciel à 360 degrés.

Qu’est-ce qui est donné à voir dans cette exposition?

Le cœur battant de cette exposition, ce sont les météorites, mais nous avons voulu être inclusifs. Nous avons pratiquement toutes les météorites tombées au Maroc, les chutes observées depuis la météorite Benguérir qui est tombée en novembre 2004. Nous avons des spécimens de ces météorites que vous ne pouvez voir nulle part ailleurs. Il y a également une maquette de cratère d’impact pour montrer et expliquer ce que c’est.

Nous avons également un espace dédié aux fossiles marocains. Des fossiles de dinosaures, de bois fossiles, de stromatolites. On parle également de la diversité, de la biodiversité et de l’histoire de la vie sur terre, un espace dédié aux minéraux, à l’exploration spatiale… Plusieurs thématiques scientifiques qui sont très larges et très ouvertes sont abordées.

D’où proviennent les pièces qui sont exposées ?

Pour ce qui est des fossiles, des minéraux et des météorites, leurs origines sont diverses. Nous avons eu le plaisir d’avoir en prêt une magnifique pièce de la météorite de Benguérir qui appartient au Centre national de la recherche scientifique et technique (CNRST). Nous avons quelques pièces qui sont prêtées par des collègues, des universitaires de la faculté des sciences de Ben M’sik à l’Université Hassan II de Casablanca et de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech. Beaucoup de météorites proviennent également de ma collection personnelle.

«Lorsque vous avez une grosse météorite qui tombe sur terre, elle peut creuser un cratère d’impact. C’est ce qui s’est passé il y a 65 millions d’années lorsqu’un astéroïde qui a une taille d’à peu près 10 km est tombé et a creusé le cratère du Chicxulub d’à peu près 160 km de diamètre.»

—  Hasnaa Chennaoui, professeure géologue

Quel est le lien qui existe entre les météorites et les dinosaures?

Cela peut paraître étonnant de trouver dans un même espace des météorites et des dinosaures, mais en fait c’est absolument lié. Lorsque vous avez une grosse météorite qui tombe sur terre, elle peut creuser un cratère d’impact. C’est ce qui s’est passé il y a 65 millions d’années lorsqu’un astéroïde qui a une taille d’à peu près 10 km est tombé et a creusé le cratère du Chicxulub d’à peu près 160 km de diamètre. Aujourd’hui, une liaison directe est établie entre la chute de cette météorite et l’extinction massive des dinosaures il y a 65 millions d’années et aussi de la disparition de 75% des formes de vie sur terre. Bien sûr, la vie n’a pas complètement disparu et même certains dinosaures ont plutôt évolué, mais le lien entre les météorites et les dinosaures est un lien malheureux qui a eu lieu il y a 65 millions d’années et qui a causé l’extinction des dinosaures sur terre à cette époque-là.

«Le développement du système solaire et de l’univers représentent des informations extrêmement importantes issues de travaux scientifiques faits sur les météorites durant les 100 dernières années.»

—  Hasnaa Chennaoui, professeure géologue

Au Maroc, quand est-ce qu’on a commencé à s’intéresser au monde des météorites?

Ces météorites sont vraiment porteuses d’énormément de science. Le développement du système solaire et de l’univers représente des informations extrêmement importantes issues de travaux scientifiques faits sur les météorites durant les 100 dernières années. Au Maroc, depuis la fin des années 90, ont commencé à être collectées les premières météorites.

Comment sont collectées ces météorites?

Il y en a plusieurs milliers qui étaient au départ ramassées par des nomades. Nous avons un Sahara marocain qui est habité, qui est sécurisé et les nomades sont de très grands observateurs. Ils sont intéressés, car ce sont des objets qui peuvent avoir une valeur pécuniaire pour eux. À ces nomades, se sont ajoutées des communautés de chasseurs de météorites qui sont de vrais experts, des gens qui sillonnent le désert et qui passent du temps pour trouver des échantillons. C’est comme ça que nous avons pu placer le Maroc comme étant le deuxième espace après l’Antarctique de collecte des météorites.

Le Maroc est l’un des plus riches en termes de chute de météorites. Qu’est-ce que cela nous apprend sur le pays?

Que c’est une terre sainte (rires)! De façon plus sérieuse, cela signifie que le Maroc est riche par sa géologie et ses objets… Nous avons fait en sorte que ce ne soit pas uniquement une richesse patrimoniale, mais une richesse scientifique également puisque nous avons positionné le Maroc sur le plan international avec des publications dans des revues prestigieuses telles que Sciences, Nature, sur ces thématiques portées par des chercheurs marocains dans des universités marocaines avec de jeunes doctorants. Le Maroc s’est positionné dans des institutions internationales dans la Meteoritical society, nous sommes reconnus dans la recherche scientifique.

Nous avons les mêmes compétences et les mêmes possibilités que partout ailleurs. Nous avons des esprits très vifs, ce qui nous manque, ce sont les techniques analytiques pour pouvoir être complétement autonome, mais la recherche scientifique de toute façon se fait en collaboration internationale et tous les laboratoires dans le monde sont ouverts à nos doctorants.

Ce Musée est éphémère. À quand un vrai musée des météorites au Maroc?

Nous avons attendu longtemps et tapé à plusieurs portes pour pouvoir installer un espace permanent pour l’exposition et la recherche. Notre vœu depuis plus de 20 ans est d’avoir une sorte de muséum d’histoire naturelle dans lequel on peut avoir une exposition et en même temps y développer la recherche scientifique sur les objets.

Jusqu’à maintenant nous n’avons pas eu de répondant. Il y a aussi le projet cité des sciences qui peut être développé à Casablanca. Pareil, nous avons essayé de promouvoir cette idée auprès des décideurs pour avoir un espace muséal de recherche, mais qui soit ouvert à plusieurs thématiques scientifiques, qu’il s’agisse des sciences dures ou expérimentales… Nous sommes toujours dans l’attente d’une entité qui serait prête à prendre en charge ce développement. Notre expo-musée a été réalisée dans le but de montrer ce dont nous sommes capables. C’est une façon aussi de démontrer la capacité que nous avons au Maroc de réaliser quelque chose d’envergure internationale.

Informations pratiques:

Horaires d’ouverture de mardi à dimanche de 10h00 à 20h00.

Tarif fixe 50 dirhams.

Par Qods Chabâa et Adil Gadrouz
Le 20/07/2024 à 18h07