Ce sont près de 2,8 millions d’euros de bénéfices qui ont été réalisés depuis la sortie d'El Niño, soit la meilleure performance pour un film en Espagne depuis le début de l’année. El Niño est un film noir inspiré de faits réels qui taille en pièces les conventions sociales et l’univers de l’argent sale et facile. En résulte un thriller énergique, brutal et ambigu inspiré de la vie du narco trafiquant maroco-espagnol, Ahmed Taieb, Alias El Nene, qui aurait été abattu le mois dernier au large des côtes de Sebta.
Avec ses fusillades, ses parrains, barrons de la drogue et son grand arsenal d’artillerie, El Niño a tout pour devenir un sommet du genre. Le biopic met en scène deux adolescents, El Niño et El Compi, désireux d’immerger dans le monde du banditisme, tandis que Jesús et Eva, un tandem de flics, font la chasse aux narcos sans faux col, dans cette plaque tournante au niveau du Détroit de Gibraltar. Le film, vénéneux à souhait, nous plonge dans le réseau transnational du narcotrafic, des deux côtés de l’atlantique. Il anticipe avec lucidité les guerres des gangs entre eux et avec la police. Maroc, Espagne, le tableau n’y est pas des plus flatteurs mais sait allier les caractéristiques du genre à une mise en scène frénétique. Côté acteurs, Luis Tosar et Jesus Castro sont remarquables dans leur interprétation de deux amis d’enfance. L’équipe de réalisation et de la photographie voulait que l'image ancre le film de l’autre côté, qu’elle soit frappante et violente, tout comme la tragique destinée du personnage principal. Une œuvre mortifère et trépidante...
