Casaprojecta est de retour après quatre ans d’absence. Rencontre avec son initiateur Jamal Abdenasser

Jamal Abdenasser, l'initiateur de Casaprojecta et la réalisatrice Aya Moudden.

Le rendez-vous des arts créatifs et visuels Casaprojecta est de retour après quatre ans d’absence. L’occasion pour les férus d’art de découvrir plusieurs porteurs de projets, de les écouter présenter leurs challenges et d’échanger avec eux.

Le 02/02/2024 à 09h27

Casaprojecta est de retour après quatre ans d’absence. Ce rendez-vous dédié aux arts créatifs et visuels ne s’est plus tenu depuis 2019, l’année d’arrivée de l’épidémie de la Covid-19 au Maroc. Maintenant que les Marocains ont commencé à reprendre leurs habitudes de sorties nocturnes, Jamal Abdenasser, manager culturel, créateur de Casaprojecta a signé le retour de cet évènement qui lui tient particulièrement à coeur.

Le concept? Privatiser un restaurant-pub de la ville, installer une micro-scène et un écran de projection, inviter des artistes que le grand public n’a pas l’opportunité de rencontrer, et leur permettre de dévoiler et de défendre leurs projets. Hier, mercredi 31 janvier, durant l’édition 2024 de Casaprojecta, une douzaine d’artistes ont été présentés. On citera la comédienne Nada El Harif qui pour la première fois a déployé son stand-up. Un show de 10 minutes chrono autour de sujets diverses touchant à la femme, au mariage, à la polygamie, à la grossesse, l’accouchement. Un sketch très éclectique qui a arraché le rire à plusieurs personnes présentes sur place.

Juste après, il y aura Maria Daif, journaliste et actrice culturelle dans la catégorie «j’essaie», qui présentera une petite vidéo depuis le train, accompagnée d’une voix off relatant ce qui peut être une discussion «tberguig» de la vie de tous les jours. Une façon peut être pour Maria Daif de montrer comment les discussions peuvent être sans intérêt et gaspiller un temps fou. La scène se passe d’ailleurs dans un train filmé aux alentours de Aïn Sebaâ à Casablanca. La coloriste et réalisatrice Aya Moudden évoquera le sujet post-partum dans «An Ode to Motherhood», ou comment la femme fait son propre deuil dès la naissance de son enfant...

Autant de projets artistiques, beaucoup de vidéos d’art qui comme l’explique Jamal Abdenasser n’entrent dans aucune case particulière et ne sont généralement jamais présentés dans des musées ou des espaces d’art. «Casaprojecta offre à ces artistes une rencontre avec le public», affirme Jamal Abdenasser dans un entretien pour Le360.

Le360: pour ceux qui ne connaissent pas encore Casaprojecta créé en 2008, de quoi s’agit-il?

Jamal Abdenasser: Casaprojecta est un rendez-vous communautaire autour de projets visuels dont l’accès au public est difficile, voire même parfois impossible. Il y a des films expérimentaux, des films in progress, ou juste des délires qui ne peuvent pas être vus car ils n’entrent dans aucune case. Le fait de présenter ces projets dans un endroit aussi commun où tout le monde est là, à la fois les clients du restaurant, les artistes et les professionnels est pour nous une solution.

Casaprojecta est donc une vitrine pour les artistes qui n’ont pas droit au chapitre?

Casaprojecta offre à ces artistes une rencontre avec le public. Sur les réseaux sociaux, la rencontre avec le public est virtuelle, mais ici elle est réelle et privilégie les contacts humains. C’est pour cette raison que je n’annonce jamais la programmation. Sur l’affiche figurent uniquement les noms des artistes, les gens ne savent pas ce qu’ils vont voir. L’idée réelle c’est de pouvoir privilégier la rencontre humaine autour de projets visuels et par la suite on identifie des auteurs durant la projection. C’est une rencontre intelligente. Nous n’avons aucune prétention de changer quoi que ce soit, mais l’objectif c’est de privilégier les rencontres et les discussions autour des projets.

Comment procédez-vous pour choisir les participants?

En général, je choisis ce que moi j’aimerais regarder, des vidéos engagées, des gens qui traitent de sujets qui ne sont pas communs, alternatifs, assez pointus, comme le viol, comme la question du post-partum, les personnes de plus de 40 ans et pas encore mariés... Tous ces sujets de la société actuelle où il y a un engagement de l’individu en tant qu’artiste.

Casaprojecta existe depuis 14 ans déjà, quels sont les fruits et retombées de cet évènement alternatif?

Le plus grand compliment, c’est lorsque des artistes de disciplines différentes travaillent un jour ensemble et me disent qu’ils se sont rencontrés à Casaprojecta.

Plusieurs collaborations artistiques sont nées ici à Casaprojecta. Il y a par exemple un technicien de son et une photographe qui ont travaillé sur une vidéo ensemble. Un autre qui faisait de la 3D, un étudiant des Beaux-arts de Casablanca a finalement travaillé avec un réalisateur.... et la liste est encore longue.

Par Qods Chabâa
Le 02/02/2024 à 09h27