Démarrage boiteux pour la quatrième édition de la Foire Internationale d'art contemporain de Casablanca. Cet évènement a été inauguré vendredi dernier à la Villa des Arts avec une performance qui s'est achevée par une pancarte brandie par l'artiste, en signe de protestation contre l'organisation chaotique de cette édition.
Sa direction artistique en a été assurée par la franco-camerounaise Christine Eyene. C'est d'ailleurs la présence de cette curatrice de renom qui a poussé plusieurs artistes ayant déja fait une mauvaise expérience l'année dernière à participer tout de même à cette édition 2018.
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C’est ce qu’explique l’artiste Merhyl Levisse dans une lettre envoyé au fondateur de la Biennale, Mustapha Romli, ainsi qu’à l’actuelle directrice artistique de cette manifestation. «Et si nous sommes toujours dans ce projet, c’est parce que vous, Christine Eyène, vous y êtes, et que nous avons cru à vos messages. Conscientes des lacunes des précédentes éditions de la BIC, nous avons tous accepté d’y prendre part en espérant une amélioration et une restructuration de l’ensemble. Nous avons vu en la nomination de Chritine Eyène un message fort et rassurant».
Merhil Levisse et 14 artistes participant à la biennale ont signé cette lettre pour dénoncer une "organisation chaotique" avec en tête de leurs critiques: un manque de communication, le non-paiement des per diem dus artistes, des restrictions à la pelle concernant la production des œuvres durant cette quatrième édition ainsi que la non-prise en charge de l’hébergement des artistes avant le jour du vernissage.
Il faut savoir que les artistes étrangers ont été bien obligés de se déplacer quelques jours avant la date de l'inauguration officielle de cette manifestation, pour le montage de leur exposition. «A mon arrivée à Casablanca, je suis resté deux jours à la Villa des Arts sans savoir où se déroulait ma performance, puisque Christine ne répondait ni à mes emails, ni à mes appels SMS. ( …) Et j’ai appris ce jour même que les per diem pour tous les artistes étaient annulés. Que des artistes n’étaient pas logés, et se retrouvaient dans une ville à leurs dépends, que des œuvres qui devaient être produites ne l’étaient plus», poursuit Merhyl Levisse.
Le jour du vernissage à la Villa des Arts, cet artiste a tenu a marquer le coup et à protester à sa manière: sur les escaliers à l’intérieur de cet édifice, il a brandi une pancarte et a observé une minute de silence, au beau milieu de sa performance, en signe de soutien à l'ensemble des artistes de la Biennale.
Contacté par Le360, Mustapha Romli, fondateur de cette manifestation, assume cette situation de fait, mais demande aussi aux artistes et au grand public de faire preuve de compréhension car, explique-t-il, le sponsor officiel, Casa Event et animation, qui était censé couvrir les frais d'herbergement des billets d'avions pour un montant de 850 000 dirhams, s'est désisté à la dernière minute. "A trois semaines de l'ouverture de la biennale, on apprend que Casa Event se retire. On n'avait pas encore signé de contrat mais pour nous c'était une simple formalité administrative... Vous imaginez bien dans quelle situation nous ont-ils mis?! "
Le fondateur de la Biennale d'art contemporain de Casablanca souligne par ailleurs que son équipe a été obligée de courir dans tous les sens pour trouver de l'argent, et donc très rapidement une solution de rechange afin de sauver cet évènement. "Les seuls bailleurs de fonds étaient Casa Event et le ministere de la Culture, qui nous a octroyé un budget de 200 000 dirhams, ce qui est dérisoire par rapport par exemple à la biennale de Dakar où le ministere de la Culture sénégalais contribue à hauteur de 20 millions de dirhams, soit cent fois plus".
Mustapha Romli avoue donc sans ambages les dysfonctionnement et le cafouillage de cette quatrième édition, mais déclare n'avoir pas vraiment eu le choix. Il s'en remet à l'auditoire de cette manifestation: "je demande au public de juger de la qualité des oeuvres et de juger les expositons".