Ce titre peut vous paraître simple dans sa formulation, mais il n’en est pas moins d’une profondeur philosophique abyssale (ça fait si longtemps que je voulais placer cet adjectif, c’était l’occasion ou jamais). Cependant, je vous dois un aveu: ce n’est pas ma création. C’est un proverbe africain que j’ai entendu un jour et que je n’ai plus jamais oublié.
Je ne l’ai pas oublié, certes, mais j’oublie la plupart du temps d’en tenir compte. Et c’est pour cela d’ailleurs que je me casse souvent la gueule. Comme un œuf. Mais, l’œuf, lui, il n’a pas trop le choix. On ne lui demande jamais son avis. A moi non plus, il faut le dire. Mais entre nous, ce n’est pas une raison de vouloir affronter à chaque fois plus dur de la tête que moi. Pourtant, c’est ce que j’ai toujours fait. Alors, je ne vous dis pas tout ce que j’ai comme trucs cassés, ni combien de bosses j’ai. Mais bon, disons que tout cela c’était avant. Aujourd’hui, je me suis un peu assagi. Par la force des choses. On dit qu’on devient sage avec l’âge, mais c’est parce qu’on ne peut plus faire autrement.
Revenons à notre proverbe africain. D’abord, comme vous avez dû le deviner, ce n’est pas du tout un choix fortuit. Ces derniers jours, l’Afrique était le continent incontournable et je pense qu’on n’en a jamais parlé autant ni aussi bien. Personnellement, j’ai toujours adoré les pays et les peuples africains et je l’ai toujours crié sur tous les toits. Ce n’est pas le cas de beaucoup de mes concitoyens qui sont devenus, du jour au lendemain, les nouveaux adorateurs des Africains noirs, pardon, subsahariens. Pourtant, j’en connaissais qui ne pouvaient même pas les voir en photo. Comme quoi, la politique, ça vous change un homme. Ou une femme d’ailleurs. Parce que la politique est un concept asexué.
Quand j’ai entendu tous ces youyous lancés en chœur par nos hommes et femmes politiques au lendemain du retour du Maroc à l’Union africaine, je me suis souvenu des déclarations faites à la radio et à la télé d’un ami, grand spécialiste devant l’Eternel des Affaires africaines puisqu’il en a été le patron durant de nombreuses années. Il avait fustigé nos ministres, aussi bien les anciens que les toujours actuels, leur reprochant de rarement s’intéresser au continent africain où ils n’y vont d’ailleurs presque jamais, préférant aller se balader à nos frais dans des contrées qui sont à leurs yeux plus accueillantes. Peut-être qu’ils avaient peur d’être piqués par la mouche tsé-tsé mais, entre nous, ils n’en ont vraiment pas besoin pour roupiller.
Ça aussi, c’était avant. Dorénavant, vous allez voir, tous les ministres de notre prochain gouvernement - si, bien sûr, prochain gouvernement il y a un jour - vont programmer au moins un voyage par mois en Afrique, histoire de montrer qu’ils ont bien retenu la leçon. Mais ils ne vont y aller qu’après s’être fait vaccinés plusieurs fois contre toutes les maladies tropicales lesquelles, soit dit en passant, ont presque toutes disparu de notre continent.
Cela dit, tout cela ne vous éclaire pas beaucoup sur le choix de mon proverbe africain. Déjà que son rapport avec moi était plus que tiré par les tresses!
A vrai dire, je ne l’avais choisi ni pour vous rappeler mes écueils donquichotiens ni pour critiquer nos nouveaux convertis africains, mais plutôt pour vous parler, tenez-vous bien, de nos amis... Américains. Je suis, comment vous dire?... de plus en plus admiratif du génie yankee. Si, si, je vous jure que ce n’est pas une blague. Ne vous attendez surtout pas à ce que je tombe à bras raccourcis sur le nouveau président des Etats-Unis. Il est ce qu’il est, mais il a été élu démocratiquement. De plus, comme je compte bientôt faire un voyage aux States, comme dit Gad, je n’ai pas envie d’être refoulé à l’Aéroport. Pigé? Je reviens au génie. Quand j’ai vu tous ces milliers d’Américains de toutes les couleurs, de tous les âges et de tous les horizons défiler pour protester contre le décret présidentiel interdisant aux ressortissants de certains pays dits musulmans de voyager aux USA, et surtout quand j’ai appris qu’un juge a osé défier l’autorité du Big Président en annulant ce décret nauséabond, là, je me suis dit, encore une fois: "Ah que c’est beau la démocratie!".
Au fait, d’après vous, dans cette affaire, qui est l’œuf et qui est la pierre? Je vous laisse réfléchir et je vais finir par un autre proverbe africain, encore plus beau et tout à fait à propos: "Là où on s'aime, il ne fait jamais nuit". Voilà. Tout est dit! Je n’ai plus qu’à vous dire vivement que l’amour et l’intelligence règnent sur toute la terre! Et vivement mardi prochain!
