Alors que certains prennent la mer au péril de leur vie pour tenter leur chance sous d’autres cieux, pas une semaine ne passe sans qu’on ne voit une connaissance, un ami, un membre de sa famille, un collègue décider de plier bagage pour recommencer une vie ailleurs, en Occident.
Tous ces candidats au grand départ ne sont pas tous issus de classes sociales défavorisées. Loin de là. Beaucoup quittent un bon poste, une situation financière plutôt confortable, une famille, et pourtant, ils sont prêts à mettre en péril tout cet édifice patiemment construit au fil des ans pour un ailleurs incertain.
Leur motivation tient en général en peu de mots: Ras-le-bol! Dans ce grand cri d’exaspération, il y a de tout: l’incivisme, les lourdeurs administratives, la religiosité grandissante à mesure que le niveau de l’éducation baisse, le peu de vie culturelle et surtout, des lois qui étouffent les libertés individuelles.
Vu sous ce prisme, la vie semble bien morne et à force d’entendre chaque jour plaintes et complaintes on finit par se laisser gagner par un sentiment de découragement et à envier ces gens là, ceux qui plient bagage et partent dans le confort d’un avion.
Mais, pourtant, il y a aussi ceux qui restent. Non qu’ils n’aient pas le choix mais parce qu’ils ont décidé de rester. Et à vrai dire, ils sont nombreux, ceux qui sont partis pour étudier, pour souffler un coup, pour tenter autre chose, et in fine, pour mieux revenir.
De ceux-là, on ne dit pas grand-chose. Pourtant ils sont bien là ces cerveaux qui ne s’inscrivent pas dans la fuite mais dans le ralliement à une cause qui nous concerne tous, la construction de ce Maroc auquel nous appartenons autant qu’il nous appartient.
S’ils sont revenus un beau jour, c’est, animés pour la plupart par une volonté immuable, instinctive, viscérale d’apporter leur pierre à l’édifice. Convaincus que l’union fait la force et que ces longues années d’études passées à l’étranger doivent être mises à profit des autres.
Ce ne sont pas seulement des gosses de riches revenus s’asseoir dans le fauteuil de papa, ce sont aussi des jeunes entrepreneurs prêts à en découdre avec un système certes peu parfait mais pourtant perfectible.
Comment faire aujourd’hui pour rassurer ces Marocains téméraires qui veulent porter haut les couleurs de leur drapeau et faire rayonner leur pays tout en y vivant? Comment les aider à ne pas baisser les bras? Comment faire taire cette petite voix dans leur tête qui souvent leur crie qu’ils ont fait le mauvais choix?
Autant de questions qui reviennent, qui ne semblent pas trouver réponses jusqu’au jour où des petites éclaircies font leur apparition et nous redonnent confiance et espoir…
C’est une grâce royale accordée à Hajar Raissouni, son fiancé et l’équipe médicale impliquée dans une affaire d’avortement clandestin…
Ce sont des recommandations émises par le CNDH pour un changement du code pénal à commencer par la légalisation de l’avortement, la condamnation du viol conjugal, le respect des libertés individuelles et de la vie privée des individus…
C’est une première Biennale d’art contemporain qui se déroule à Rabat et qui fait découvrir gratuitement l’art à tous les Marocains.
Et des éclaircies de ce type, il y en a, beaucoup, pour peu qu’on veuille les voir. Il y en aura de plus en plus, pour peu qu’on veuille entretenir ce petit carré d’herbe verte qui est le nôtre.