Commençons l’année en rendant hommage au courage d’Ahed Tamimi, une Palestinienne de 17 ans qui a osé défier l’occupant israélien. Cette jeune fille aurait certainement aimé approfondir ses études, faire des projets d’avenir, écouter de la musique, aller danser avec ses copains, ne se soucier que des belles choses. Mais elle vit ou plutôt survit dans un territoire où elle n’a pas la liberté de vivre et de rêver. Juste subir et regarder son destin barré par l’occupation.
L’histoire est là pour rappeler un fait simple: jamais un peuple occupé, colonisé ne se résout à accepter d’être dominé, humilié, nié dans son existence et sa dignité. Tôt ou tard il arrache sa libération. Israël devrait le savoir et cesser d’aller contre le courant naturel de l’histoire et de la mémoire des peuples. Ce qui s’est passé le 15 décembre dans le village Nabi Salah près de Ramallah où Ahed Tamimi a bousculé et giflé un soldat israélien devrait faire réfléchir les faucons du gouvernement et se rendre à l’évidence. Il n’y aura jamais de paix tant que le peuple palestinien est occupé et privé de sa terre et de ses droits. La politique du fait accompli et du mépris des résolutions des Nations Unies ne résoudra pas ce conflit vieux de 70 ans.
La police a arrêté Ahed Tamimi ainsi que sa mère et sa cousine. Elles seront jugées par un tribunal militaire et risquent jusqu’à 7 ans de prison. Leur avocate a qualifié cette arrestation de «punitive pour humilier la famille».
Ahed Tamimi est connue des services de police. A 12 ans, elle a protesté le poing levé contre la présence de l’armée dans son village. A 15 ans elle a manifesté son refus de l’occupation. Son comportement est normal. C’est celui d’une jeune fille née sous la domination israélienne et ayant toujours refusé cette colonisation. N’importe quelle jeunesse dans n’importe quel pays colonisé réagirait de la même manière.
Il faut se mettre à la place de ces jeunes qui sont encerclés dans un espace d’où ils ne peuvent pas sortir. Toute jeunesse est rebelle. Pourquoi la Palestinienne ferait-elle exception? Pourquoi accepterait-elle l’intolérable?
Cette jeunesse ne compte plus sur le monde arabe pour sa libération. Elle assiste à l’abandon de la cause palestinienne par la plupart des Etats arabes. Aujourd’hui c’est la Turquie qui a le mieux réagi contre la décision de Trump de déclarer Jérusalem capitale d’Israël suivie par l’Iran qui a déclaré «Jérusalem capitale de la Palestine». Sa Majesté Mohammed VI a protesté en tant que président du Comité Al Qods. Mais les autres pays arabes n’ont pas réellement bougé pour refuser ce hold-up américain. Tout le monde sait que l’Arabie saoudite se rapproche de plus en plus du gouvernement de Tel-Aviv afin de contrer l’influence iranienne dans la région. Pendant ce temps-là, le sort du peuple palestinien est oublié. Le prince héritier saoudien préfère bombarder le Yémen et acheter pour plusieurs centaines de milliards de dollars des armes à l’Amérique.
Le courage et la volonté de la jeune fille palestinienne forcent le respect. Sa vidéo a fait le tour du monde et a été vue par plusieurs millions de personnes. Son geste, sa colère, sa rage viennent de loin. Il ne s’agit pas d’une mauvaise humeur ou d’une réaction épidermique. C’est tout le corps, c’est toute l’âme de la Palestine humiliée qui se sont exprimés à travers le geste d’Ahed Tamimi. C’est plus qu’un symbole, c’est le signe d’un refus absolu, c’est l’expression d’une résistance que certains médias israéliens confondent sciemment avec le terrorisme.
Des vidéos circulent dans les réseaux sociaux où on voit des soldats israéliens frapper des enfants et des femmes. Tout le monde admet que l’Etat d’Israël est un Etat démocratique. Oui, il l’est pour ses citoyens, mais il cesse de l’être quand il usurpe des terres, dynamite des maisons, s’en prend à des enfants et des femmes, refuse d’appliquer les résolutions votées par l’ONU et n’applique aucun accord conclu dans des négociations avec des représentants de la Palestine. La démocratie est une valeur qui n’admet pas en son sein la colonisation, l’humiliation et l’arrogance.