Petite leçon de morale en vue de consolider l’Etat de droit, seul garant d’une vraie démocratie, laquelle permet une justice juste, une égalité des citoyens devant la loi et le droit.
Dans «La Peste», Albert Camus fait remarquer que durant les moments de crise grave, il y a, chez les hommes, «plus de choses à admirer qu’à mépriser».
Nous vivons une crise sanitaire très inquiétante. Pourtant, certaines personnes du monde politique ont continué à vivre comme avant. Pire, leur parti a innocenté leur manque de délicatesse. Leurs mains, comme dirait Giraudoux, seraient «nettes», comme l’aube, comme sa blancheur juste et sacrée, c’est-à-dire intègre.
Ainsi, les derniers scandales touchant un certain nombre de ministres de l’actuel gouvernement, appellent de nouveau quelques remarques (je suis désolé d’insister, mais la réaction complaisante du gouvernement, à l’égard de deux ministres (Mustapha Ramid et Mohamed Amekraz), m’a incité à revenir à un sujet qui nous préoccupe).
Comme pour les médecins qui ont le Serment d’Hippocrate, un code de déontologie morale et professionnelle, les ministres désignés pour servir l’Etat, devraient eux aussi, avoir leur serment. Appelons-le «Serment d’intégrité».
En principe, quand ils ont cet honneur, il va sans dire qu’ils prêtent serment, qui se révèle être dans certains cas une pure formalité.
Ils s’engageraient à en respecter les règles, les lois et les recommandations. Cela concernerait aussi bien les ministres que les députés, lesquels devraient s’engager à ne plus faire des affaires tant qu’ils sont au service de l’Etat.
La première loi générale serait: Servir le pays et ne pas se servir. Autrement dit, ne pas confondre les deniers de l’Etat avec son argent propre et ne jamais les utiliser à des fins personnelles.
La deuxième règle serait: l’intérêt général passe avant l’intérêt particulier. Avoir une vision assez large qui ne pense qu’à l’intérêt de la nation.
La troisième règle serait: être disponible à cent pour cent pour servir l’Etat, avec sérieux et compétence.
Quatrième règle, qui va de soi: donner l’exemple. Ne jamais faire ou entreprendre ce qu’un individu sans responsabilité se permet de faire. Donner l’exemple, c’est être impeccable sur le plan moral, intègre en ce qui touche l’argent, ponctuel et précis pour le temps, la parole donnée sera respectée quoiqu’il arrive; aucun écart ne serait permis. On veille à ce qu’un ministre soit droit et sans reproches. Il peut se tromper, mais dès qu’il s’en rend compte il doit reconnaître son erreur et la corriger.
Un ministre doit s’entourer de personnes de qualité, appliquant elles aussi le serment du «ministre exemplaire».
Dès qu’une personne est nommée à un poste ministériel, elle doit déclarer l’état de son patrimoine dans les moindres détails. Cet état, devra être le même le jour où elle quitte le gouvernement. Je me souviens d’une campagne dans les années soixante menée par le Parti de l’Istiqlal et le parti socialiste de l’époque : min aïna laka hada! (Quelle est la source de ce que tu possèdes?). Il fallait justifier l’origine de sa fortune. Evidemment, cela n’a pas plu à tout le monde, surtout aux possédants qui ne supportèrent pas de devoir s’expliquer sur la manière dont ils ont acquis leur fortune.
Aujourd’hui, c’est le rôle des impôts. Mais ce n’est pas facile. Certains trouvent que c’est intolérable que l’Etat leur pose ce genre de question.
La déontologie, cette attitude éthique et morale qui fait que les règles et lois sont absolument respectées, manque dans plusieurs domaines. Ne parlons pas des réseaux sociaux, souvent servant plutôt à médire, insulter, dénoncer, vomir qu’informer.
Nos concitoyens aiment en général montrer qu’ils sont, comme on dit en arabe, «en bonne santé». Ils aiment afficher les signes de leur réussite matérielle.
L’organisation des mariages ou d’autres cérémonies est l’occasion d’étaler sa «puissance». Ils mesurent leur importance dans la cité et dans la vie par la quantité d’argent accumulé et dépensé. Heureusement, d’autres brillent par ce que leur esprit, leur intelligence et leur curiosité intellectuelle ont acquis. Leur richesse vient du savoir qu’ils sont allés chercher, de leurs lectures, de leur apprentissage quotidien. Normalement, ils ne l’affichent pas; ils sont modestes. Ceux-là, ne font pas de politique. Ils laissent ce domaine, hélas, aux ambitieux, à ceux qui pensent qu’il est plus facile de faire des affaires en étant dans la mare politicienne qu’en travaillant au jour le jour.
Je ne généralise pas. Mais la politique a mauvaise presse. Les jeunes qui ont fait de grandes écoles s’en méfient et servent leur pays en cultivant l’excellence dans ce qu’ils savent faire. Faire de la politique est une ambition noble. Il faut juste savoir qu’on ne doit pas s’enrichir en étant aux affaires de l’Etat, autrement dit, on doit respecter «le serment d’intégrité».