Enfin une bonne nouvelle en cette période plutôt difficile. Le gouvernement algérien, après réflexion et consultation des dirigeants de l’armée, a décidé de répondre positivement à l’invitation de l’émissaire du SG de l’ONU pour le Sahara, l’ex-président allemand Horst Köhler. L’Algérie sera présente à Genève à côté du Maroc, de la Mauritanie et aussi de sa création: le Polisario.
Le fait d’avoir écouté la voix de la raison, d’avoir décidé de mettre fin à une situation absurde, d’avoir enfin évalué ce qu’elle a perdu en maintenant ce conflit et ce qu’elle gagnerait en faisant le choix de la paix, est un fait historique, important qu’il faut porter à l’honneur et la dignité du peuple algérien.
Genève est une plaque tournante essentielle pour trouver des solutions aux conflits les plus complexes. Il n’y a pas de raison pour que celui-ci ne soit pas résolu après quelques jours de discussion, d’échanges d’idées et de propositions allant dans le sens du bien-être du grand peuple maghrébin, qui, espérons-le, sera bientôt uni et formera une entité stable, forte et solidaire, une sorte d’Europe réussie, à échelle humaine, composée de cinq pays où les frontières ne serviront plus à rien.
Déjà, le Maghreb donnera une belle leçon au reste du monde arabe, incapable de s’unir même dans les pires moments où il a été agressé par Israël et l’Amérique. On dira, regardez comment les Maghrébins ont réussi à dépasser leurs différends, leurs divergences et ont fini par entendre la voix de la raison en choisissant de faire confiance à la fraternité active et à la coopération économique, culturelle et politique. Pendant ce temps-là, le Yémen est bombardé quotidiennement, le peuple syrien massacré par son président avec l’aide des Russes et des Iraniens, l’Irak est miné par le terrorisme, la Lybie n’arrive pas à se constituer en Etat de droit et sert de territoire pour les djihadistes de Daech, etc.
Le Maghreb a voulu répondre à l’élan de l’histoire. Il a refusé de se laisser entraîner dans des disputes inutiles, dans des batailles sans fondements, a refusé de s’enliser dans des conflits stériles qui ont un impact très négatif sur le développement, sur la culture et sur la prospérité des peuples, lesquels ont toujours réclamé la paix et la solidarité. L’intégrité territoriale du Maroc est prise en compte.
On le sait, si ça ne tenait qu’aux peuples, cela fait longtemps que les frontières auraient été ouvertes, que les échanges commerciaux et culturels auraient été importants et nombreux, mais les gouvernants ne voulaient pas les écouter et suivre ce qu’ils réclamaient.
Donc, les voilà bientôt tous à Genève. Au début, il a été difficile de dégeler l’ambiance. Les Maghrébins avaient oublié combien ils se ressemblent, combien ils sont complémentaires. Les dirigeants se sont rendu compte qu’il fallait briser cette glace qui n’a fait qu’aggraver les problèmes. A force de ne plus se parler, on imagine les pires choses. Comme le dit un proverbe arabe que cite souvent Robert Badinter: «ce que tu ne dis pas t’appartient, ce que tu dis appartient à tes ennemis». Sauf que dans le cas de la petite guerre froide entre l’Algérie et le Maroc, il n’y avait pas d’ennemi. Jamais les Algériens n’ont considéré les Marocains comme des ennemis, ni les Marocains n’ont considéré les Algériens comme des ennemis. Ils s’appelaient des «pays frères». Il était temps qu’ils retrouvent concrètement cette fraternité active, constructive, positive et ouverte sur l’avenir.
Je ne sais pas comment le gouvernement algérien a compris que l’intérêt de son peuple, aujourd’hui et demain, est dans la paix, dans cette coopération qui sera une belle entité à opposer aux Européens qui jouent avec les nerfs de chacun des pays quand il s’agit de négocier le droit de pêche ou le prix du pétrole et du gaz. Ils ont si souvent joué des divergences et des déchirures entre Maghrébins.
L’union, non seulement fait la force, mais inspire le respect et la considération. Il faut dire que l’image du Maghrébin en Europe souffre à cause de l’arrivée clandestine de migrants partis dans des conditions humiliantes des côtes maghrébines. Demain, quand le Maghreb sera uni et fort, il n’y aura plus besoin de quitter son pays pour une aventure souvent interrompue par la mort. Le Maghreb sera riche parce qu’il aura consolidé ses ressources dans l’esprit d’une belle et magnifique solidarité sur fond d’une démocratie réelle, vive et respectueuse de la volonté des populations. Cette union sera le meilleur barrage contre la corruption, le gaspillage et la course à l’armement qui menace de ruiner les économies de ces cinq pays.
Une bonne nouvelle! N’est-ce pas? D’accord, c’est une fiction, mais il n’est pas interdit de rêver.