Beaumarchais a écrit: «L’esprit solide et la vraie politesse ont toujours un grand avantage sur d’impertinentes bouffonneries et d’obscènes équivoques dont le sens cause tant de honte à ceux qui les emploient, qu’ils n’osent le dévoiler qu’à demi».
Cette pensée m’est venue à l’esprit en déroulant le film de la dernière crise entre Le Maroc et le secrétaire général des Nations Unies.
Etat donné que M. Ban Ki-moon admet ne pas maîtriser le dossier du Sahara, il serait utile de le lui expliquer en utilisant la pédagogie en direction des enfants qui veulent savoir comment fonctionne le racisme ou ce qu’est l’islam. Je verrai bien un petit livre «Le Sahara expliqué aux enfants». Nos diplomates pourraient l’offrir à ceux qui, de bonne ou de mauvaise foi, semblent tout ignorer de cette affaire derrière laquelle se tient un Etat et une armée dont le but et l’obsession sont d’empêcher que le Maroc consolide son intégrité territoriale. Ce pays, c’est l’Algérie. Aussi bien le secrétaire général des Nations Unies que quelques diplomates d’Amérique latine ou d’Afrique le savent pertinemment. Mais sous prétexte d’équilibre, ils s’aveuglent et tendent généreusement l’oreille au discours algérien.
Beaucoup de livres ont été écrits sur l’histoire de ce territoire marocain qui a connu une ellipse coloniale. Des livres sérieux, des livres bien documentés, des livres objectifs ou des livres polémiques. Il n’y a pire ignorant que celui qui refuse de savoir. C’est ce qui s’est passé récemment avec M. Ban Ki-moon. Les choses ont dégénéré parce qu’il a manqué à son statut de responsable neutre et objectif. Des mots malheureux ont été prononcés, un dérapage dénoncé par le Maroc dans son ensemble. Colère, énervement, crispation et embarras au sein du Conseil de sécurité.
Depuis quatre décennies, le Maroc est en butte à l’intransigeance algérienne. Tous les Marocains, comme le dit l’historien du Maghreb Pierre Vermeren «sont persuadés d’être dans leur bon droit et que le Sahara occidental est à eux». (Le Monde du 19 mars 2016). Il faudrait juste ajouter que ce territoire fait partie intégrante du Maroc et que l’Algérie a trouvé là de quoi créer des problèmes au Maroc, retarder, voire empêcher son développement, et se présenter comme le seul Etat du Maghreb.
D’où vient cette animosité ? Sacha Guitry disait à propos de quelqu’un qui lui voulait du mal «c’est probablement quelqu’un à qui j’ai rendu service un jour». Tout est là. La fraternité durant la guerre d’indépendance, la solidarité active et concrète, l’aide sur tous les plans, tout cela a été mal digéré, mal accepté, une fois l’Algérie libérée. Ajoutez à cela de la jalousie et le fait que l’identité algérienne souffre encore après 400 ans de présence ottomane et plus de 132 ans de colonisation française. Le Maroc a été le seul pays arabe à échapper à la colonisation turque et la France n’y a exercé qu’un protectorat qui n’a pas sapé son identité et le statut de nation ancrée dans l’histoire.
Cette jalousie a été transmise de génération en génération. Vue bien courte de l’histoire. Esprit mesquin et manque de réalisme. Heureusement que le peuple algérien ne suit pas ses dirigeants qui sont obsédés par le Maroc. Ils ont torpillé le Grand Maghreb. Ils ont été incapables de dépasser leur ressentiment et de faire du Maghreb une grande, une belle et forte entité économique et culturelle. Si cette union existait réellement, il n’y aurait aujourd’hui ni terrorisme, ni chaos en Lybie, ni menaces sur la sécurité de la jeune révolution tunisienne. Au lieu de consacrer à la culture et au rapprochement des peuples des millions que les services algériens dépensent pour contrer le Maroc chaque fois qu’il essaie d’apaiser ce conflit artificiel, fabriqué avec des habitants du Sahara en les maintenant dans une situation intolérable, au lieu d’aller de l’avant, de répondre aux espoirs de la jeunesse maghrébine, au lieu d’aller dans le sens de l’unité et de la solidarité, l’Algérie maintient vif ce conflit qui, tôt ou tard implosera sur son propre territoire. N’oublions pas que les camps de Tindouf ont été utilisés par des gens d’Al Qaïda pour s’entraîner afin de commettre des attentats dans la région.
Peut-être que les dérapages de M. Ban Ki-moon aboutiront à une prise de conscience chez les dirigeants algériens qui devraient se rendre à l’évidence et déplacer leur énergie et leur argent vers l’union du Maghreb, vers le bien-être des peuples, vers le développement et l’expansion de la culture. Ce serait magnifique de surprendre le monde occidental qui, d’une façon ou d’une autre, se réjouit des divisions et des guerres entre les Arabes. On a envie de crier: faites le Grand Maghreb ! Tel est le désir profond de tous les peuples de cette région. N’attendez pas que Daech, qui est déjà en Lybie, se répande avec sa barbarie dans les foyers du Maghreb !