Qui a intérêt à déstabiliser le Rif ? France 24 a démontré son incompétence et sa volonté de nuire à l’image du Maroc. D’autres journalistes attendent, voire espèrent qu’Al Hoceima s’enflamme. La marche prévue demain pourrait, si elle a lieu, aggraver une situation qui commence à peine à se stabiliser. Que voulons-nous ? Que des investisseurs s’engagent dans cette région, que la saison touristique soit sauvée, que le commerce continue et que les promesses du gouvernement soient réalisées. Mais si demain, malgré la sollicitude royale et l’attention particulière donnée à cette région, des gens sortent manifester, tout cela risque de se transformer en drame.
Car à lire les réseaux sociaux, on pourrait croire qu'Al Hoceima est à feu et à sang. Ou qu’elle se prépare à un soulèvement populaire d’une envergure inégalée. Moi-même ayant cédé à la déferlante sur les réseaux sociaux, j’ai appelé un ami sur place pour prendre de ses nouvelles. Il m’a dit qu’en dépit d’un défaut de touristes, la situation était normale et que ses enfants vaquaient à leurs loisirs comme d’habitude. J’ai insisté en lui disant avoir lu sur Facebook des appels à la mobilisation, des nouvelles au sujet de tracts distribués clandestinement… En homme fin, il a répondu : «Oui, c’est non seulement exagéré, mais imaginé. Veux-tu croire en ce que je vois ou en ce que tu lis sur les réseaux sociaux ?» Et il a ajouté que son inquiétude ne se rapportait pas au monde virtuel décrit sur les réseaux sociaux, mais allait aux commerçants et aux opérateurs dans le tourisme qui manquent cruellement de clients.
130 commerçants d’Al Hoceima viennent de déposer plainte contre X parce qu’ils n’arrivent plus à travailler dans des conditions normales. Les perturbations de toutes sortes mettent en péril non seulement le commerce de proximité mais aussi le tourisme. C’est une belle région, accueillante, généreuse. Pourquoi la bouder et gâcher sa saison ? Si une manifestation de plus a lieu, c’est une provocation qui se traduira par plusieurs annulations d’éventuels touristes.
Soyons réalistes. Des projets non aboutis, des promesses non tenues, des retards dans l’exécution des chantiers sont hélas choses courantes dans notre pays. Ce n’est pas propre à Al Hoceima. Peut-être que les autorités sur place ont été dès le début maladroites et n’ont pas su apaiser des demandes légitimes. Mais ce n’est pas une raison pour aller contre une interdiction du ministère de l’Intérieur et contre l’avis de tous les partis composant la majorité gouvernementale.
La sagesse consiste à attendre que ce qui a été mis en chantier soit achevé, ensuite discuter, parler, dialoguer avec ceux qui ont en charge la réparation de cette région qui a senti qu’elle était mal aimée ou négligée.
Les réseaux sociaux s’amusent à allumer des feux un peu partout. C’est leur rôle et leur danger. Il ne faut pas les prendre au pied de la lettre. Un peu de relativité, un peu d’intelligence aident à prendre le chemin de la confiance et de l’apaisement.