D'un bon usage des MRE

Fouad Laroui. 

Fouad Laroui.  . DR

ChroniqueDans tous les pays du monde, il y a au moins un MRE (un Marocain résidant à l'étranger), donc quelqu'un susceptible de nous renseigner sur les meilleures pratiques du pays où il réside...

Le 04/01/2017 à 11h59

À quoi servent les MRE? Chacun a son idée là-dessus.

Pour les uns, ce sont d'abord des ambassadeurs du Maroc à l'étranger, ils doivent en donner une idée positive, ce qui peut être un atout pour la diplomatie ou pour le tourisme. (Combien de touristes viennent-ils visiter le pays d'origine de leurs voisins parce qu'ils s'entendent bien avec eux?)

Pour d'autres, les MRE sont d'abord une sorte de vache à lait qui alimente en devises les caisses de l'Etat. (À ce propos, il faut chasser une équivoque souvent entretenue: les MRE ne donnent pas leur argent à l'Etat, ils se le donnent à eux-mêmes ou à leur famille, c'est simplement l'opération de change, le gain en devise, qui fait le bonheur de l'Etat...).

D'autres enfin – il faut évoquer cet aspect sinistre des choses, vu les temps néfastes que nous vivons– considèrent les MRE comme une cinquième colonne infiltrée en Europe pour la conquérir de l'intérieur. Vous ne me croyez pas? C'est parce que vous ne lisez pas la détestable littérature salafiste –si on peut appeler cela de la littérature, ce sont plutôt des excrétions cauchemardesques...

Bref, ce sont autant de rôles qu'on fait jouer aux MRE –qui n'ont rien demandé, en fait... Tout ce qu'ils veulent, c'est mener une vie digne et tranquille sur des rivages qui ne sont pas les leurs et sur lesquels le frêle esquif de leur destin les a déposés.

Eh bien, joignons-nous à la danse et attribuons aux MRE un nouveau rôle, que personne à ma connaissance n'avait pensé à leur attribuer, celui d'informateur des meilleures pratiques.

– Quoi? Qu'est-ce?, demandez-vous.

Un simple exemple servira à comprendre ce nouveau rôle que je voudrais voir jouer aux MRE: aux Pays-Bas, on consomme six fois moins de médicaments qu'en France. Si vous allez voir un médecin à Amsterdam ou Utrecht, dans 60% des cas vous ressortirez sans ordonnance, mais avec de solides conseils: faites trente minutes de marche par jour, mangez des oranges, développez votre cercle d'amis, mettez-vous au bricolage, mangez de l'ail, etc.

En France, ce n'est que dans 3 ou 4% des cas que vous ressortez sans ordonnance de chez votre médecin. Étonnant, non ?

Et au Maroc? Je ne connais pas le chiffre mais nous devons sans doute être, sur ce point, plus français que néerlandais vu la formation de nos valeureux toubibs...

Or voici le clou de cette histoire: selon les statistiques de l'OMS, les Néerlandais sont l'un des peuples les mieux portants de la planète...

Et voici donc le rôle que je voudrais voir jouer à nos MRE des Pays-Bas quand ils rentrent chez eux, au Maroc: propagez cette idée fondamentale que "prescrire est un acte grave", que le médecin qui ne prescrit pas mais donne de bons conseils est aussi bon, sinon meilleur, que celui qui griffonne six ou sept médicaments hors de prix sur une ordonnance. Si on ne vous croit pas, racontez votre dernière visite au médecin hollandais, qui s'est conclue par une solide poignée de main, mais sans ordonnance! Et vous n'en êtes manifestement pas mort...

Et de plus, tout cela nous fera faire des économies. Génial, non ?

Dans tous les pays du monde, il y a au moins un MRE, donc quelqu'un susceptible de nous renseigner sur les meilleures pratiques développées dans les domaines les plus différents par les pays les plus divers. Il suffit de centraliser cette information (au ministère des MRE?) et nous pouvons faire du Maroc un pays à la pointe dans tous les domaines.

Par Fouad Laroui
Le 04/01/2017 à 11h59