Geert Wilders, l’affreux bonhomme qui s’est fait une spécialité d’attaquer les Musulmans, surtout les Marocains des Pays-Bas (mais pas les Indonésiens, plus nombreux ici que les Marocains - il faut dire que sa grand-mère était Indonésienne...), bref, où en étais-je? ... Ah oui: Geert Wilders, donc, cette fausse blonde inculte, a annoncé qu’il allait de nouveau produire un film contre l’islam.
On se souvient peut-être qu’en 2008, ce même jobard avait produit un film intitulé "Fitna" censé démontrer le caractère pernicieux du Coran. Pendant des mois, tout le monde aux Pays-Bas avait attendu avec nervosité (ou jubilation) le chef-d’œuvre attendu. Le gouvernement et la police étaient sur les dents : on craignait des manifestations, des accrochages, des émeutes peut-être. Et puis, finalement, toute l’affaire fit pschiiit. Le court-métrage (une vingtaine de minutes) était une suite de propos incohérents, de contre-vérités et d’approximations. On était loin d’une critique argumentée et rationnelle, qui eût été autrement plus efficace.
Ce fut un imam qui, après visionnage, fit le meilleur commentaire, avec un humour inattendu: «Comme souvent, dit-il, le livre est meilleur que le film.» Par «livre», il entendait naturellement le Coran. En mettant les rieurs de son côté, l’imam emporta la partie contre Wilders, qui manque singulièrement d'humour.
Et puis, dix ans plus tard, c’est reparti! En fait, Wilders n’annonce pas moins de huit ou neuf autres films, des sortes de sequels à l’américaine, nommés Fitna 1, 2, 3, etc., qu’il prétend offrir au peuple ébaubi au cours des années qui viennent.
Si ces suites sont aussi nulles que la première mouture, il n’y a rien à craindre. Mais on peut quand même se poser la question de savoir à quoi tout cela sert. En guise de réponse, le titre est particulièrement bien choisi. Tout ce que Wilders fait, c’est créer de la "fitna", c'est-à-dire de la discorde dans la société. On pourrait dire que c’est lui, plus que les Marocains, qui forme un danger pour la société néerlandaise.
Pour illustrer les dégâts que commettent des gens comme Wilders aux Pays-Bas ou Eric Zemmour la fouine raciste en France, il suffit de considérer cette petite scène dont j’ai été témoin juste après l’attentat de Londres, samedi dernier. Les premières images de la BBC n’étaient pas censurées. Un journaliste dénicha un témoin, un homme qui n’avait pas l’air très futé, qui commença son témoignage par ces mots étranges : «J’ai entendu du bruit, j’ai tourné la tête, j’ai vu trois musulmans courir.» La BBC supprima cette partie du témoignage lors de sa rediffusion. Mais ceux qui comme moi l’avaient vu ont sans doute été aussi perplexes ou consternés que moi. Comment cet homme-là avait-il pu reconnaître en une fraction de seconde la religion de trois hommes qu’il voyait courir dans la nuit ? Était-il doué de télépathie ? Ou bien les trois bonhommes portaient-ils gravé sur le front leur credo?
Non, bien sûr, mais le mal est fait. On ne parle même plus de terroristes, d’extrémistes, ce sont «des musulmans» qui forment la figure de l’autre, du mal, du danger, de la mort. La lepénisation des esprits, que le père Le Pen appelait de ses vœux, est déjà une réalité - sauf que c’est également la wilderisation et la zemmourisation des esprits. J’ai vu trois fachos courir…