2001. Je suis choquée par la première émission de téléréalité, Loft Story. Quelle utilité d’enfermer des jeunes dans une villa et de les diffuser en direct 24 heures sur 24? Un succès fou, des millions de spectateurs sur la chaîne M6, surtout lorsque Loana et un autre participant font l’amour dans la piscine. Au Maroc, un organisme a invité Loana à un grand événement parce qu’elle était célèbre! Célèbre de quoi? La célébrité s’acquière par l’effort, le travail, les valeurs! J’ai refusé d’y assister pour ne pas cautionner la stupidité.
Des années plus tard, l’accès facile à internet via les smartphones va développer une autre obscénité. La pandémie a bouleversé les habitudes et créée des comportements nouveaux. Lors du confinement et des restrictions, Internet a occupé les gens et poussé des internautes à se filmer dans leur routine quotidienne, en direct, sur le web. Au Maroc, des femmes partageaient des travaux ménagers, des recettes de cuisines… Puis, ce fut le dérapage vers l’obscénité, le vulgaire, la grossièreté, l’indécence… La prostitution digitale.
Les routinyates! Des femmes jeunes, banales, sans instruction, sans qualification, mais avec un atout majeur: de grosses fesses! La caméra des smartphones facilite la publication de vidéos, dans un espace numérique non contrôlé.
Une insulte à la femme, réduite à un objet sexuel des plus obscènes: des tenues sexy, vulgaires, au tissu assez fin pour qu’il se coince dans la fente des fesses et collant pour mettre en relief le postérieur. La femme fait son ménage, les fesses en l’air qu’elle secoue vulgairement. On voit plus son derrière que son visage.
Une autre vous apprend comment nettoyer votre tapis, accroupie grossièrement.
Une autre prépare des brochettes, ses grosses cuisses écartées pour laisser paraître sa culotte. Elle peut porter des tenues très échancrées, à la limite du porno et se filmer sous la douche, allongée dans un lit en gémissant, se trémoussant en exposant le postérieur. Le langage est grossier, écœurant, violent, surtout chez celles qui s’improvisent sexologues et donnent des conseils pour satisfaire un partenaire par la sodomie ou la fellation!
Ces vidéos ont permis à des minables de se hausser au rang de spécialistes, d’expertes qui prodiguent des conseils en tout genre, en toute impunité.
Ces femmes abjectes ont-elles un entourage pour les raisonner?
Le look est infect: sourcils tatoués à outrance, lèvres gonflées hideusement, postérieur souvent grossi par des méthodes traditionnelles.
Le paroxysme du vulgaire? Des blogueuses donnent des rendez-vous aux internautes pour des séances de disputes entre elles et c’est le buzz! Mon Dieu, chouha (la honte)!
L’une s’exhibe en compagnie de sa mère. D’autres en couple. L’une a été entaillée dans les fesses par son mari, avec un couteau. Le mari a fini par se calmer, car la motivation principale est le gain. Une chanteuse populaire répond vulgairement à ses détracteurs en compagnie de sa fille de moins de 6 ans. A-t-on le droit d’exposer ainsi ses enfants?
Certaines justifient leurs activités par la pauvreté. On serait tenté de compatir! Mais la pauvreté n’a jamais prostitué la dignité!
Les vidéos attirent des milliers de vues. Les influenceuses sont contactées par des enseignes qui leur proposent de faire leur publicité.
Comme c’est du direct, l’influenceuse demande à ses fans et ses abonnés de liker et de partager sinon elle arrête son discours vicieux et le dandinement de ses fesses. Plus il y a de like, plus l’argent tombe.
La fermeture des lieux publics lors de la pandémie a intensifié ces pratiques, utilisées également comme moyen de prostitution.
Le gain est stupéfiant et peut dépasser les 120 000 DH par mois! Des revenus faramineux qui ont échappé au fisc, jusqu’à récemment où la Direction Générale des Impôts s’en est saisi.
Pourquoi ce succès? Les hommes se délectent de la vue de ces monticules de chair humaine qui attisent leurs fantasmes et nourrissent les discussions dans les cafés. Les femmes regardent par curiosité, même quand elles sont offusquées. Or, chaque clic enrichit ces dépravées.
Ce sont les classes modestes qui regardent ces horreurs, donc la majorité de la population. Les répercussions? On crée de la célébrité avec des êtres abjects qui deviennent des stars. Un danger pour les jeunes qui consomment beaucoup ces images. On leur apprend que le succès, la notoriété, le luxe s’acquièrent facilement, non par l’effort, l’intelligence, le travail et les valeurs, mais en exposant leur intimité. Donc faire le buzz à tout prix, telles ces deux sœurs qui demandent à épouser le même homme!
Ces influenceuses influencent et abrutissent nos jeunes.
Elles se défendent en disant que ce sont les gens qui viennent à elles. Certes, mais il n’y a pas de protection des mineurs et le partage fait que vous recevez ces vidéos même si vous n’allez pas les chercher.
Des vidéos qui provoquent la colère à travers les réseaux et la presse qui sollicitent l’intervention des instances nationales. Nous n’avons pas le droit de laisser faire, de soumettre la population à l’influence d’escrocs qui deviennent coachs sans qualification et qui nous déshonorent.
Il nous faut une instance qui fixe des règles en relation avec la spécialité, l’éthique et des contrôles sur les produits diffusés par ces influenceuses.
Heureusement, le web est rempli de Marocaines exemplaires, dont les vidéos nous font honneur! Mais attention: houta wahda tatkhannaze chwari (un poisson contamine tout le panier)!