Hier encore, au Maroc, la femme belle devait être ghliiidha (grosse). Son corps devait refléter elkhir et ach-chab3a (richesse, satiété) de sa famille. Sinon, la femme n’est pas apte à gérer un foyer et enfanter. Les hommes appréciaient el habra et chahma (chair tendre et graisse): une femme en chair dégage des promesses érotiques. La mince n’a que des os à offrir à son mari. S’il fait l’amour avec elle, elle le pique. L’adage marocain dit: les hommes aiment la chair et les chiens, les os!
Mais l’Occident a imposé son dictat de mode et fait de la belle femme une réplique de Barbie. Il faut alors s’infliger des régimes austères pour traquer le moindre relief graisseux.
Mais, problème! Nos hommes fantasment sur des corps féminins minces, mais âamrine (remplis), pas plats. Ils veulent palper de la rondeur à certaines parties: seins, hanches et fesses. Sinon, la femme se fait appeler khouchba (planche), wasla (planche à pain), farraka (planche à lessive), mafchoucha (dégonflée), maslouta (dégarnie), âallaka (ceintre)…
En Occident, après le décès par anorexie de deux mannequins au corps rachitique, de nombreuses marquent ont pris des mannequins avec des rondeurs.
Kim Kardashian, animatrice de télévision américaine et styliste, fait le buzz dans les réseaux sociaux en affichant fièrement ses fesses, dans des tenues très moulantes. Des fesses énormes, dont le secret préoccupait les médias auxquelles elle a fait une révélation: elle n’a pas d’implants fessiers, mais elle fait des injections de cortisone, chaque année. Elle a fait assurer ses fesses pour 21 millions d’euros!
Dans les réseaux sociaux, alors que des femmes affichaient leur minceur, aujourd’hui elles exhibent leurs fesses et leurs hanches proéminentes, parfois un peu trop.
Ce dicton marocain: "qui veut la beauté, supporte le perçage des oreilles"... Il existe en effet des techniques douloureuses, certes, mais qui permettent d’arrondir les courbes du corps!
Le gavage a été utilisé dans plusieurs pays africains et arabes, dont la Mauritanie et le sud du Maroc, chez les Sahraouies. On gave les filles en les forçant à avaler de grandes quantités d’aliments pour accélérer la croissance du corps et attirer le prince charmant. Pendant une dizaine de jours, on leur introduit de force des aliments, malgré leurs vomissements: dattes, pain imbibé de lait ou d’huile, viande de dromadaire, bols d’eau et de lait, viande de dromadaire et loudek (la graisse de la bosse du dromadaire).
Leur estomac se distend et elles continuent à se nourrir en grandes quantités. Le gavage s’effectue aussi sur des filles pendant la période des fiançailles. Une méthode qui tend à disparaître.
Il y a aussi Lahguine, une méthode sahraouie, pratiquée au sud du Maroc, à partir de Goulimine... La femme sahraouie doit être grosse et accorde une attention très particulière à el mouakhira, le postérieur, qui doit être ferme, enrobé de graisse. Elle ne s’asseoit pas dessus, mais sur le côté, pour éviter de l’aplatir. Lahguine est effectué par une professionnelle, 3 à 5 fois en une semaine, avant le mariage.
En bord de mer, elle introduit dans l’anus de la jeune fille un tuyau, à travers lequel elle injecte deux à trois litres d’eau de mer dans les intestins, ce qui permet le gonflement des fesses et la prise de poids. Rare, mais encore présente au Maroc et en Mauritanie, cette méthode est contestée par des médecins et par des jeunes.
A travers le Maroc, beaucoup de femmes veulent être minces, mais avec des fesses volumineuses. Celles qui en ont les moyens font appel à la chirurgie esthétique: injection de graisse dans les fesses ou pose de prothèses. La demande est telle qu’une des stars de la chirurgie esthétique au Maroc a appelé cette technique le "Moroccan Butt".
Celles qui n’ont pas de moyens utilisent la méthode de algoula, alkallouche ou lagdira (amphore) en terre cuite pour faire grossir leurs fesses, hanches et seins.
C’est la vieille méthode chinoise des ventouses (alkorarates) dont se servait la médecine traditionnelle pour guérir certains maux. Sauf qu'ici, on utilise une amphore avec une bouche large. On place dans l’amphore un coton imbibé d’alcool à brûler et enflammé. La chaleur crée un effet de dépression et l’amphore va coller à la peau. Il y a un effet d’aspiration qui va distendre et enfler la peau et les muscles. Les praticiennes sont des femmes qui ont appris leur méthode sur le tas. Il faut plusieurs cures. Le risque de brûler la peau est énorme. Mais peu importe, il faut être belle.
Sinon, de tous temps, il y avait des produits naturels pour grossir, sans risques sur la santé. Aujourd’hui, les femmes consomment des produits dangereux, tel Dardake, un produit chimique, destiné à engraisser les animaux. Le Dardake, composé de corticoïdes, est très consommé, vendu au marché noir chez les herboristes et certaines parfumeries. Ces gélules peuvent être pillées et mélangées à un sirop, vendu en pharmacie, qui stimule l’appétit. Le Dardake peut entrainer de graves infections rénales et cardiaques.
L’intérêt pour ces courbes existe à travers le monde. Il suffit de voir les offres, sur des sites Internet, de produits miracles, le nombre de vidéos qui vantent des techniques ou des produits à avaler, des suppositoires, des crèmes… Il suffit aussi de voir certaines youtubeuses marocaines qui exhibent leurs généreux postérieurs et qui arrivent à attirer des milliers de vues. Un score que je n’atteindrai jamais en exhibant mes idées dans cet article! Le postérieur est plus attirant que l’esprit! Hihihi…