La beauté masculine fait penser au Prophète Youssef, esclave d’Al Aziz. Zouleikha, l’épouse, s’en est épris. Pour se justifier face à ses amies, elle les invita et leur donna un couteau pour éplucher des fruits. Elle fit rentrer Youssef et ses amies se coupèrent les mains en l’admirant (Le Coran).
Abou Horeira a vanté la beauté du Prophète Mohammed, dont le teint était blanc. Ses yeux noirs, et ses cils longs. Son front large et l’espace qui séparait ses sourcils était aussi brillant que l’argent pur. Ses cils étaient fournis. Quand il souriait, ses dents brillaient de mille feux. Il avait de très belles lèvres… Son cou était très beau… Sa poitrine, large, semblable à un miroir et blanche comme la lune. Ses épaules étaient larges…
Mais la beauté de l’homme importe peu. C’est à la femme d’être belle et séduisante pour attirer et garder un homme. L’homme est toujours beau par sa virilité et sa masculinité. La beauté de l’homme est dans sa braguette, sinon dans sa poche, dit-on! Il doit être hrache, rude, sinon il est traité de femme, d’homosexuel. Mais tout cela a changé. L’homme devient coquet et les femmes l’exigent.
Quand on demande aux hommes ce qu’est une belle femme, ils sont généreux en détails physiques. De la tête aux pieds, insistant sur certaines parties: bouche, seins, hanches, fesses, jambes.
Quand on demande aux femmes ce qu’est un bel homme, elles passent rapidement sur le physique et parlent plus de caractère, de comportements. La beauté est dans les actes, disent-elles.
Ce sont les plus jeunes qui donnent des détails sur le physique.
Une femme nous met en garde: tu te promènes avec tboguissa (déformation de beau gosse), c’est une fierté pour toi. Mais tu dois être très belle sinon les gens font des comparaisons et te trouve moche par rapport à lui. En plus, le beau gosse est vaniteux, orgueilleux et tu dois le partager avec toutes les femmes.
Le bel homme, zine ou el qalda (beau et imposant), est beau de l’intérieur et de l’extérieur, charismatique, intelligent, a une forte personnalité et surtout rojoula, la masculinité, différente de la virilité. La masculinité est l’ensemble des caractères d’un homme, caractères qui varient selon les cultures. La virilité est liée à la puissance sexuelle.
Rojoula, selon les femmes, est un ensemble de valeurs: responsable, courageux, galant, respectueux de la femme, à son écoute, attentionné, affectueux, loyale, serviable, fidèle en amour, autonome financièrement et non vivant au dépend de la femme, une seule parole, détaché de sa mère, respecte sa dignité et celle de la femme. Il doit assumer financièrement et faire des petits gestes de générosité.
Si les femmes parlent de virilité, c’est surtout l’apparence générale de l’homme, qui se reflète à travers sa force physique, sa prestance, sa voix puissante.
Il a un regard tendre, pétillant, avec une lueur magique.
Marwa: «viril, brun, pas 3uidate (branches), imposant, non maigrichon, avec une démarche d’homme, bien sapé. Il peut être moche, mais pas gros, juste rempli».
Baraqué, mais petit, il peut plaire si son regard est attirant et s’il est beau de l’intérieur. Il doit dégager du charme, du sex appeal, exprimer ses sentiments, être sociable, drôle. Des jambes droites et fermes. «Je regarde ses fesses. Je n’aime pas les hommes plats.»
Que regardent les femmes en premier chez un homme? L’aspect général pour découvrir sa vraie nature, la partie cachée de l’iceberg. Certaines regardent la voiture pour le situer financièrement, d’autres, son aspect extérieur: à la mode ou non… Sa démarche informe sur son niveau de masculinité. Sa coupe de cheveux: cheveux gris ou non. Se teindre les cheveux pour les hommes est devenu banal. Chauve, il peut être séduisant, s’il est classe.
Les femmes regardent les chaussures qui informent sur le goût et la propreté.
Pour certaines, c’est le téléphone qui situe économiquement. Et surtout «les mains qui sont le premier contact physique, qui vont se promener sur le corps». «Des ongles soignés et des doigts fins, c’est la classe.»
La main rude était acceptée. On dit qu’elle est la plus appréciée par Dieu. C’est fini. Aujourd’hui, beaucoup d’hommes soignent leurs mains, se font faire des manucures. Les femmes examinent les dents, qui donnent une idée sur l’hygiène.
Les femmes parlent beaucoup d’hygiène: «je ne peux supporter une odeur de transpiration ou une auréole de sueur sur sa chemise». «Ni des points noirs sur son visage ou son corps.» «Sa peau doit être hydratée.»
Les sourcils ne doivent pas être mghoufline (hérissés). S’épiler les sourcils est devenu normal pour un homme. Les poils, jadis signes de virilité, peuvent écœurer: «Il doit se raser les aisselles et les parties intimes par mesure d’hygiène et s’épiler le torse et le dos s’il est poilu. Les gorilles me dégoûtent.» «Je hais l’homme-rhinocéros dont les poils sortent du nez ou des oreilles. Ça prouve qu’il se néglige. Comment pourrait-il alors être attentionné avec moi?».
Le corps doit être musclé. «Il peut être gros, mais pas gras, à la peau pendante». Les plus jeunes parlent d’hommes aux muscles bien dessinés, de tablettes de chocolat. L’homme beau doit être toujours parfumé. Des femmes disent zyeuter arrazma, le baluchon (la braguette) pour en estimer le contenu.
Ainsi, d’après les femmes, la masculinité et la virilité ne sont plus suffisantes pour faire la beauté d’un homme. Il doit soigner son corps, souffrir sur l’autel de la beauté et développer des valeurs exigées par les femmes, pour les séduire et les retenir. Car si la beauté de l'homme consiste dans son esprit, celle de la femme consiste également dans son esprit!