Mon ami appartient au genre d’amis que vous devez forcément connaître: il refuse de se faire vacciner. Il croit à ces histoires de puce directement reliée à l’œil de Big Brother et à son mini-ordinateur, qui commande des milliards de vaccinés heureux mais lobotomisés. Un vrai orwellien.
«Tu leur donnes ton bras, ils te prennent ton cerveau». Je sais qu’il faut être très intelligent ou tout le contraire pour croire à ces théories. Mon ami est bac + beaucoup d’années. Il gagne bien sa vie et ses enfants sont aussi beaux et intelligents que lui.
Mais rien à faire, il se méfie toujours de tout. Aujourd’hui, c’est le vaccin, hier comme demain, il sera passé à une autre phobie.
Et toi, me demanda-t-il, «c’est quel vaccin?». Devant mon silence gêné, il enchaina: «Non, non, ne me dis pas que c’est le vaccin chinois! Pas toi, pas toi!». Pourquoi, demandai-je, c’est un vaccin comme un autre. «Mais non, tu sais par exemple que tu n’auras aucune chance de rentrer en Arabie Saoudite?». Je souris parce que voyager en Arabie Saoudite ne fait pas vraiment partie de mes plans à court terme. Je n’ai pas une tête à aller tout de suite à Jeddah ou La Mecque…
J’ai de nouveau croisé le même ami, et il m’a encore une fois tiré les oreilles. «Je te l’avais dit, je te l’avais dit! Tu peux à présent ajouter la France parmi les pays où tu ne peux pas aller». Ah bon? Ah oui!
J’avoue que la perspective d’atterrir à Paris, de se faire encore tester et de devoir se confiner quelques jours de plus, n’incite pas à l’euphorie. Et le soi-disant auto-isolement n’est pas l’idée du siècle. Tout ça à cause d’un vaccin chinois!
Je vais finir par attraper la parano de mon ami. Je suis convaincu que, derrière ses théories, il a choisi de ne pas se faire vacciner parce qu’il n’a pas de plan vacances cet été. Il n’ira nulle part, pourquoi se ferait-il vacciner?
J’ai la nette impression que ce vaccin est devenu un visa. J’ai mon visa mais mon vaccin est chinois. C’est comme si je n’avais pas de visa. Donc pas de "Bariz", pas de "mama Franssa" pour moi. J’irai voir ailleurs, là où on voudra bien de mon vaccin chinois.
Pourquoi pas en Chine, d’ailleurs? C’est loin, ça mange tout, et moi aussi. Et puis, j’ai le vaccin. Il me servira de visa.
J’ai toujours rêvé d’aller en Chine. Dépaysement total. A ne rien comprendre autour de moi, je pourrais ressembler à ce légume décrit par Orwell. Un légume en Chine. Un vacciné.
Voilà mes amis, pas besoin d’en rajouter. Je dédie ce billet décalé à tous les bienheureux comme moi, qui n’ont pas fini de goûter aux douceurs du vaccin chinois. Vous allez vous régaler.
Bon weekend.