Il ne faut jamais être fier d’une défaite. Même quand elle est injuste. On peut par contre en tirer des leçons, des éléments positifs, et essayer de s’en servir par la suite.
Nous avons vu comment les Lions de l’Atlas ont subi deux revers face à l’Iran et au Portugal. Ils sont éliminés de la fête mondiale du foot d’une manière prématurée et cruelle. C’est la loi du sport. Merci et au revoir? Non, pas si vite.
Chacune de ces deux défaites renfermait, à l’intérieur, quelque chose de beau, une perle qu’il faut examiner et garder. Face à l’Iran, c’est un joueur marocain qui a inscrit, par accident, un but contre son propre camp. Dans le temps additionnel, qui plus est, et au moment où les Marocains dominaient le match et espéraient une victoire.
C’était terrible. Pour des millions de Marocains calés dans leur fauteuil, mais aussi pour les quelques 40.000 téméraires qui ont fait le voyage jusqu’en Russie. Et c’est là que quelque chose d’inattendu s’est produit. Des millions de Marocains ont vu le visage du malheureux en larmes. Bouhaddouz pleurait comme un bébé, il était inconsolable et demandait pardon, pardon.
Il a craqué et tout le monde a craqué et pardonné. Les Marocains ont pardonné. «Tu sais, ce n’est qu’un match de foot… Il n’a pas fait exprès… Bouhaddouz souffre plus que nous… C’est un bon gars, il est orphelin, il est méritant, il connait la douleur…»
Cette culture du pardon est belle parce qu’on ne la connait pas assez, voire pas du tout. Elle grandit un homme, une nation.
Faute avouée à moitié pardonnée, c’est ce qu’on dit et c’est vrai. Au-delà du foot. C’est une règle de vie. Le «fauteur» en sort grandi et les «pardonneurs» aussi.
La deuxième défaite des Lions de l’Atlas, cette fois contre le Portugal, renferme elle aussi une perle. Au-delà du scénario cruel du match, des erreurs d’arbitrage, etc. Les Marocains ont été nombreux à se focaliser sur un joueur et ils sont allés jusqu’à en faire un symbole.
Il s’appelle Amrabat. Il porte un casque de protection, conséquence d’une commotion cérébrale dont il a été victime cinq jours auparavant. Comment a-t-il fait pour se remettre si vite, alors qu’on le croyait forfait pour le reste de la compétition?
Sa présence est déjà une gageure. Et voilà qu’il se jette sur tous les ballons comme un lion, un vrai. Il jette par la même occasion son casque et finit le match sans protection. A courir, dribbler, courir, dribbler…
En pure perte, certes. Mais quelle générosité, quelle leçon de bravoure et de dépassement de soi.
Ne jamais lâcher, jamais tricher, garder la foi, donner sans compter, travailler, travailler… Amrabat a donné aux Marocains un «cadeau». Le temps d’un match, il est devenu le symbole de quelque chose qui va bien au-delà du foot.
Ah et puis il y a une autre défaite, qui devrait nous ouvrir les yeux. En perdant la bataille du Mondial 2026, le Maroc a compris que ses meilleurs amis et alliés sont d’abord ses voisins. A commencer par l’Algérie. Nous partageons une histoire, une culture et beaucoup de belles choses avec nos voisins de l’est. En unissant nos efforts à ceux de l’Algérie et de la Tunisie, nous avons un atout supplémentaire pour séduire le monde et le convaincre de nous accorder, enfin, un Mondial.
Maghreb united? Oui, entièrement. Ou comment le sport et la fraternité des peuples peuvent réparer ce que les différends politiques ont longtemps cassé.