La nomination de Hamid Addou au poste de PDG de la RAM suscite d’interminables commentaires. Tout le monde semble avoir un avis sur cette nomination. Et, plus curieux, tout un chacun semble avoir eu une expérience désastreuse avec le PDG de la RAM. Manteau trop large pour ses épaules, il ne saura donc pas piloter l’avion.
Il n’a pas le charisme de son prédécesseur. Rarement on aura fait un procès d’intention aussi virulent à quelqu’un avant même qu’il ne prenne les rênes du pouvoir. Addou a échoué avant même d’avoir commencé. Ainsi en ont décidé les Salons casablancais, visiblement très peu portés sur le changement.
Je ne connais pas Hamid Addou. Mais je me méfie toujours des procès que l’on fait à des innocents avant même qu’ils ne se rendent coupables. Addou n’a pas même eu droit au bénéfice du doute ni à la présomption de compétence. Les Salons de Casablanca ont prononcé leur verdict et bien audacieux celui qui osera le contester.
Je conteste ce lynchage obscène. Je désapprouve les guiliguilis que se font les salonards pour rire grassement d’un spectacle avant le lever du rideau. Hamid Addou a dirigé l’ONMT, notre cher Office national du Tourisme. Il n’est donc pas aussi étranger au poste incriminé que ne le laissent supposer les salonards. Qu’on laisse ce monsieur travailler! Et s’il échoue dans la mission qui lui est confiée, là on peut se lâcher. Le condamner avant même qu’il ne franchisse le seuil de son bureau, est une manœuvre bassement injuste.
Je me suis posé des questions sur le pourquoi de cette hostilité à Addou. Il y a évidemment la personnalité de son prédécesseur, le charismatique Driss Benhima.
Qu’est-ce qu’on n’a pas tartiné sur les raisons du départ de Benhima ! La balade publique d’un cafard à bord d’un 737 aurait dégoûté de la présence de Benhima à la tête de la RAM. Un chien attablé à bord d’un dreamliner aurait fait un ultime pied de nez à l’ancien PDG en l’éloignant, à coups d’aboiements, de la RAM. Un avion royal en maintenance aurait mis au chômage technique Benhima. Le lobbying de la famille Bensalah aurait fini par le propulser en dehors de la compagnie nationale. Si j’accorde du crédit à une source très bien informée, aucune de ces quatre raisons n’est à l’origine du départ de Driss Benhima.
Les postes de responsabilité ne sont pas des mandats à vie. Un responsable sait que son remplacement obéit aux règles du renouvellement des élites. Driss Benhima est à la tête de la RAM depuis près de dix ans, l’équivalent de deux mandats d’un président en France. Il était temps qu’il laisse sa place à un autre.
D’ailleurs, il serait curieux de noter que le départ de Toufiq Cherkaoui, en poste depuis treize ans à la tête de la Conservation foncière, n’a suscité aucun commentaire. Il n’y en a décidément que pour la RAM! Et le pauvre Addou, à qui on essaie de couper les ailes, avant même qu’il ne les déploie, le découvre à son corps défendant.
Je lui souhaite de réussir dans sa mission. Non pas tant que l’avenir de la RAM ou la carrière de ce monsieur m’intéresse particulièrement, mais pour savoir quelle parade les salonards de Casablanca vont trouver pour justifier un succès qu’ils ont jugé impossible.