Dans la soirée du mardi 29 août, les garde-côtes algériens ont froidement abattu, près de la baie de Saïdia, deux jeunes hommes (un Franco-Marocain et un Marocain résidant en France) qui s’étaient égarés dans les eaux du pays voisin. Dans une rencontre avec Le360, Yahya Kissi, cousin de Bilal Kissi, l’une des deux victimes, n’a pas caché son exaspération face à la multiplication des rumeurs et des versions quant au drame que vit la famille. La version biaisée donnée par les autorités algériennes, via leur ministère de la Défense, rajoute au trouble et à la détresse de la famille.
«Il faut arrêter de raconter n’importe quoi. Il y a plusieurs fausses versions qui circulent sur les réseaux sociaux et c’est malheureux. Je ne comprends pas qu’on puisse chercher à justifier le meurtre d’un être humain inoffensif. Il n’y a aucune excuse à un assassinat», déplore-t-il.
Comme le raconte Mohamed Kissi, qui a perdu son frère dans ce même drame, mais a miraculeusement survécu à la tuerie perpétrée par des éléments de l’armée algérienne, les quatre amis s’étaient perdus en mer, à bord de leurs jet-skis, dans l’espace maritime algérien limitrophe de la côte marocaine. Une patrouille des garde-côtes algériens s’était approchée des vacanciers, a échangé des propos avec eux, leur a montré le chemin du Maroc avant d’en assassiner deux par balles et de retenir un troisième en captivité.
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«Cela fait à peine quatre jours que nous avons enterré mon petit cousin et les gens s’amusent à inventer des histoires. Laissez Bilal reposer en paix. Il n’y a qu’une seule vérité: mon cousin a été lâchement assassiné alors qu’il faisait du jet-ski(...). Au lieu de les arrêter, de les aider, de leur offrir de l’essence et leur montrer le chemin du retour, ils les ont simplement abattus», raconte avec amertume Yahya Kissi.
Âgé d’à peine 29 ans, Bilal Kissi, qui est né et a grandi en France, était père de deux enfants, une fille de 2 ans et une autre âgée de 3 mois. «Bilal était un garçon formidable. Personne ne pourrait dire du mal de lui. Nous pensons tous à ces deux petites orphelines qu’il a laissées derrière lui. Inventer des histoires, c’est ajouter au malheur de cette famille déjà dévastée par la perte d’un être cher», regrette-t-il.
Malgré sa détresse face à la perte de son cousin, Yahya Kissi ne manque pas d’appeler au rapatriement au Maroc du corps d’Abdelali Mchiouer, l’autre victime tuée dans ce drame, et à la libération d’Ismaïl Snabi, toujours détenu par les autorités algériennes.
Pour rappel, le ministère algérien de la Défense a reconnu, dans un communiqué publié dimanche 3 septembre, l’assassinat des deux vacanciers marocains près de Saïdia, dans les eaux territoriales algériennes.
La justification de cette intervention est aussi lamentable que fausse: «Compte tenu que cette région maritime frontalière enregistre une activité accrue des bandes de narcotrafic et du crime organisé, et devant l’obstination des passagers desdits jet-skis, les personnels des garde-côtes ont procédé à des tirs de sommation», disait le communiqué, avant d’ajouter qu’«après plusieurs tentatives, des coups de feu ont été tirés, contraignant un des jet-skis à s’immobiliser, alors que les deux autres ont pris la fuite».