Je viens de passer une dizaine de jours à Casablanca pour présenter mon dernier roman.
Cette ville, personnage central du roman, ne cesse de m’étonner, de me surprendre et de susciter ma curiosité en même temps. Non. Je ne la déteste pas. Je la connais un peu. Mais comme toutes les grandes villes, elle a sa magie, son énergie immense, son dynamisme et aussi sa laideur, ses incohérences, ses humeurs.
Ce que j’ai admiré cette fois-ci ce sont les magnifiques fresques murales exécutées par des artistes ayant beaucoup de talent. Ce sont de véritables œuvres d’art, en particulier celles situées le long de la Corniche avec le portrait en timbre-poste des champions du football marocain.
La ville s’en trouve embellie. Je n’ai pas vu tout ce qui a été peint, mais les œuvres que j’ai vues m’ont impressionné. C’est du Street-Art de haute qualité. Casa est en ce sens «une ville debout».
Par ailleurs :
- La circulation est de l’ordre du cauchemar. La pollution qui s’en dégage est dangereuse.
- Ceux qui roulent en moto et autres vélos ne portent pas de casque à quelques exceptions.
- Le feu rouge est grillé une fois sur deux.
- La priorité est à peine respectée.
- Les voitures roulent vite.
- J’ai été effaré par le nombre de limousines, de voitures de luxe coûtant des millions de dirhams.
- Il y a plus de mixité hommes-femmes que dans les autres villes du pays.
- La ville est un chantier permanent; on construit un peu partout.
- Les mendiantes avec bébé sont toujours là, aux feux rouges.
- Certains quartiers n’ont pas de trottoirs.
- Dès qu’on sort du centre, les trottoirs sont en mauvais état.
Mais Casa reste le poumon et le cœur du pays. Ce qui n’est pas rien.
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Des médecins sont venus me dire combien ils ont été choqués par une récente chronique où j’évoque les cliniques qui se font du fric et ne payent pas correctement les impôts.
Scandale! J’ai donné l’exemple d’une clinique à Tanger qui a encaissé la somme de 90.000 DH en espèces avant de permettre à la famille de récupérer le corps pour l’enterrer. Les médecins de cette clinique n’avaient rien fait, mais ils ont retenu le malade, sachant qu’il allait mourir. Ils ont fait cela pour se faire payer un maximum.
Je ne dis pas que toutes les cliniques se conduisent de la sorte. Mais les témoignages abondent dans ce sens que ce soit à Casa ou à Tanger.
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Une lectrice, brave dame, est venue me voir après la présentation de mon roman pour me reprocher d’utiliser des termes crus à propos de la sexualité. «Un romancier ne prend pas de gants pour dire sa société; et moi, je combats l’hypocrisie consistant à ne pas nommer les choses», lui ai-je répondu. Elle est repartie sans dire un mot.
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J’ai répondu à l’invitation d’un libraire à El Jadida.
Une foule m’attendait, le livre à la main. Nous nous sommes retrouvés dans une salle trop petite pour contenir tout le monde. Il y avait notamment des enfants et beaucoup de jeunes femmes.
Le libraire m’a dit qu’El Jadida est délaissée. Elle aurait besoin qu’on s’y intéresse un peu.
La présentation s’est transformée en fête. J’étais ému et je me disais qu’il y a dans notre pays une soif immense de culture.
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Samedi, grande première: je présente mon livre au supermarché Marjane.
Accueil grandiose. Des affiches immenses sont suspendues dans le grand magasin. Un espace est réservé au livre. C’est là que j’ai pu parler des «Amants de Casablanca», répondant aux questions de mon amie, la grande libraire de Casa, Amina Mesnaoui.
La foule était là. Des curieux et aussi des lecteurs, plutôt des lectrices. J’ai dû faire une centaine de selfies. Difficile de dire non à des jeunes gens heureux d’être là et de pouvoir lire un livre dédicacé.
Encore une fois, je découvre cette soif de culture, et ce, dans tous les domaines. Ce n’est pas une question de moyens, mais de volonté politique. L’argent, on le trouve chez des mécènes qui sont aisés et qui devraient rendre un peu de ce que le Maroc leur a donné.
Il faut juste penser à cette jeunesse qui aime le livre, la musique, le théâtre, le cinéma, en plus bien sûr du football et d’autres sports. Penser à elle, c’est travailler avec elle pour lui donner le champ où elle pourrait s’exprimer librement. Il se pourrait qu’un Mozart ou un Matisse sommeille dans les rêves de quelques-uns.