Dans son mot d’ouverture, Soumicha Riyaha, présidente de l’AMDF, a partagé les motivations derrière l’élaboration des rapports annuels, avant de conclure par des vœux pour un monde meilleur, dépourvu de toute violence conjugale.
Le rapport, réalisé avec l’appui d’Oxfam, a été présenté par Najat Razi, coordinatrice nationale d’«Oyoune Nissaiya». Cette dernière a présenté des données quantitatives et qualitatives, avant de rappeler que ce rapport appelle à une action coordonnée des autorités, des professionnels de la santé, de la société civile et de la recherche. L’objectif est d’établir un système de prise en charge sensible au genre afin d’améliorer la santé des femmes et des filles au Maroc et de renforcer leur bien-être.
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Il est important de préciser que le rapport concerne uniquement le centre d’écoute Habiba Zahi de Casablanca, qui a été pris comme cas d’étude pour l’enquête de 2023. Il fournit ainsi des données détaillées sur les femmes qui ont déclaré des violences subies (catégorie d’âge, niveau scolaire, nombre d’enfants, environnement spatial, etc.) ainsi que le nombre de dossiers concernant chaque type de violence.
Pas moins de 3.219 cas ont été signalés au centre Habiba Zahi, mais ce nombre ne peut refléter toute la réalité, car il représente seulement les femmes qui ont eu le courage d’en parler. D’autres chiffres alarmants ont émergé du rapport: 28.000 actes de violence ont été commis, soit une moyenne de près de 9 actes subis par cas.
La tragédie est indéniable: sur les 784 femmes recensées par le centre Habiba Zahi, cinq sont décédées, dont quatre victimes de féminicides causés par des partenaires. Le rapport a mis en lumière la détérioration de la santé mentale comme l’effet prédominant des violences.
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De plus, une enquête sociologique menée par l’AMDF a enrichi le rapport d’«Oyoune Nissaiya», offrant une perspective approfondie sur la situation. Les conclusions de cette étude, qui a été présentée par la jeune chercheuse en sociologie Oumaima Jmad, soulignent les impacts immédiats et à long terme de ces violences sur la santé, tout en pointant des limites dans les mesures actuelles du ministère de la Santé et de la protection sociale.
Au niveau des recommandations, l’on a insisté sur l’adoption d’un modèle écologique, la priorisation de la prévention, l’intégration d’informations dans le dossier médical partagé et la généralisation des unités intégrées de prise en charge. Il s’agit aussi d’une bonne formation pour le personnel de santé, surtout l’amélioration du soutien psychologique à travers la communication, la déstigmatisation des groupes vulnérables, l’intégration de la violence dans l’assurance maladie obligatoire, et enfin la promotion de la recherche sur les violences et la santé des femmes.
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La rencontre a également été l’occasion de fructueux échanges entre responsables et médias. Les questions soulevées avaient trait au cadre juridique, à l’engagement du ministère de la Santé et de la Protection sociale ainsi que de celui de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, au budget alloué par les organisations pour suivre les victimes, au cas des mères célibataires, les femmes en situation de handicap, etc. La pertinence de ces questions a suscité des réponses éclairées auprès des membres de l’observatoire et des amies de l’association qui ont mis en avant les défis persistants et les pistes d’action pour l’avenir.
Les informations et les recommandations présentées durant ce point de presse continueront de guider les efforts visant à lutter contre les violences basées sur le genre au Maroc et à améliorer le bien-être des femmes et des filles.