Pas une seule ligne de bus, quant au tramway, n'en rêvons même pas. A peine des taxis, vétustes comme il se doit, et des minibus qui font leur loi. A Kénitra, municipalité PJD, dirigée par Aziz Rebbah, l'un des leaders de ce parti de la majorité gouvernementale, actuel ministre de l'Energie et des mines, on est incapable, depuis 2011, de mettre en oeuvre les engagements prélablement souscrits pour que la cité soit équipée d'un système de transport urbain par autobus digne de ce nom.
Pourtant, un contrat de gestion déléguée a bien été conclu en 2018 avec une société de transport public par bus, mais celui-ci n’a jamais abouti. Quelle en est la raison? Le premier vice-président de la municipalité de Kénitra, Rachid Belamkissia, lui aussi bien entendu issu du PJD, élude savamment la question, pourtant précise. Il préfère, en public, se lancer dans l'incrimination du ministère de l'Intérieur, tout en prenant le soin de refuser de recevoir Le360 qui l'a sollicité, affirmant ne pas être en mesure de répondre à nos questions.
Une fuite en avant d’autant plus préoccupante que le sort de 500 salariés, qui étaient employés par l’ancienne société de transport urbain, est actuellement toujours en suspens.
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La situation est pour le moins anormale, au vu de la démographie galopante de cette cité-dortoir, censée désengorger l’axe Rabat-Salé, et appelée à jouer un rôle économique de premier plan... Les projets abondent en effet à Kénitra, pour ne citer qu'Atlantic Free Zone, qui accueille déjà l'immense usine PSA (Peugeot-Citroën), une immense zone off-shore appelée à devenir la concurrente de Tanger-Med, avec son futur Port Atlantique, entre autres méga-projets structurants.
Les témoignages recueillis auprès des habitants laissent cependant transparaître leur désapprobation unanime sur ce dysfonctionnement majeur, Kénitra ne pouvant pas vivre indéfiniment sans autobus. Pour tous, la responsabilité de cette crise incombe avant tout à la municipalité.
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La parade qu'a trouvée celle-ci relève du bricolage: la municipalité de Kénitra a autorisé le transport urbain par minibus à l’intérieur de la ville et sa région. Les Kénitris se retrouvent donc contraints de s'entasser dans des centaines de ces véhicules étroits, qui sillonnent leur ville jour et nuit, déclenchant la colère des taxis qui y voient une concurrence déloyale et surtout un manque à gagner.
La ville de Kénitra souffre aussi d'autres problèmes structurels: c'est le cas d'un pont, dont les travaux de restauration n'ont déjà que trop duré. Les commerçants qui se trouvent à proximité et les automobilistes se plaignent de la lenteur des travaux, qui entravent leurs activités depuis plusieurs mois.
Résumons-nous: à Kénitra, entre autres maux, il y a des lignes d'autobus, mais pas de bus qui les desservent, et il y a, aussi, un pont n'en finit pas d'être restauré. C'est à croire que le président de la municipalité, Aziz Rebbah, n'a jamais été ministre de l’Equipement et du Transport, un portefeuille dont il a pourtant été le détenteur de 2012 à 2017, juste avant d'être nommé à la tête de l'Energie et des mines... Incompétence ou insoutenable légèreté de l'être?