Face à cette expérience inédite, tous les couples ne sont pas armés de la même façon. Pour certains, le confinement a été l’occasion de reconstruire leur relation, mais pour d’autres, en revanche, cette expérience a détérioré leurs liens et semé le chaos dans leur couple. Pour preuve, l’explosion des violences conjugales au Maroc, comme dans le reste du monde.
«Traditionnellement, l’intérieur du foyer et sa gestion appartiennent à l’épouse. Avec le confinement, le mari, passant toute la journée à la maison, veut s’investir dans la vie du foyer mais la femme refuse, cela crée une guerre territoriale. L’épouse voit le mari comme un colonisateur, et cela peut créer des tensions», explique la sociologue, auteure du best-seller Au-delà de toute pudeur, paru chez Eddif en 1987.
Ces tensions peuvent être apaisées si le couple a l’habitude de communiquer et cette expérience peut être l’occasion de créer un nouvel équilibre dans ce duo qu'ils forment. En revanche, dans le cas ou le couple ne communique pas, et n’arrive pas à se parler, ce qui est souvent le cas dans notre société, souligne la sociologue, ces tensions peuvent se transformer en agressivité et en violences.
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«Toutes les conditions sont réunies pour qu’une personne perde le contrôle sur ses nerfs. Le confinement, la peur, le manque de revenus, l’incertitude, l’école à distance… Avant le confinement, en cas de conflit, l’époux ou l’épouse pouvaient quitter le foyer et revenir une fois la tension redescendue», indique la sociologue.
Ces conflits et tensions ont eu une conséquence directe sur l’augmentation des violences conjugales au Maroc et dans le monde. Après cette expérience, nous devrions également observer une augmentation des divorces, de l'avis de Soumaya Naamane Guessous.
Interrogée sur la possibilité d’un «baby boom» après le confinement, la sociologue ne pense pas qu’un tel phénomène se produirait.
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S’appuyant sur des études qu’elle a menées, la sociologue alerte toutefois quant au risque d’explosion des grossesses non désirées hors mariage, car selon les hommes qu'elle a pu interroger, la frustration sexuelle serait la plus grande des frustrations causées par le confinement.
Une recherche effrénée du plaisir et de l’assouvissement du désir sexuel pourrait conduire à une augmentation des rapports non protégés, et alimenter le phénomène des mères célibataires au sein de la société, souligne Soumaya Naamane Guessous.