Le collectif de défense des femmes victimes de viol dans l'affaire de Taoufik Bouachrine a annoncé sa décision de porter plainte en France contre Maâti Monjib pour "diffamation et atteinte aux droits et à la dignité".
"Nous poursuivrons cet individu en France, le pays même qu'il instrumentalise pour faire du chantage, en bafouant les droits des femmes victimes de viol et en s'attaquant aux institutions du pays ", ont affirmé plusieurs de leurs avocats, lors d'une conférence de presse tenue ce jeudi après-midi, à Rabat, en présence de plusieurs femmes victimes de viol dans le dossier de Taoufik Bouachrine.
Ce dernier a été le patron de la publication Akhbar El Youm et a été condamné à 15 ans de prison en 2019 pour "traite d’êtres humains", "abus de pouvoir à des fins sexuelles", "viol et tentative de viol".
Dès sa sortie de prison, le 23 mars dernier, au profit d'une remise en liberté provisoire, Maâti Monjib, ont affirmé les avocats du collectif, a lancé des accusations graves contre ces femmes victimes de viol, qualifiant leur cas, ont-ils précisé de "mascarade et d'affaire fabriquée par la police". A sa sortie de prison, Maâti Monjib a évoqué "la police politique" et promis de "militer pour la libération des autres détenus" en faisant référence notamment à Taoufik Bouachrine.
"Cet homme n'est pas un défenseur des droits de l'homme, c'est un propagandiste qui ne connaît rien dans le domaine des droits de l'homme. Pour avoir attaqué notamment les institutions et les droits des victimes de viol, nous allons le poursuivre dans le pays même dont il porte la nationalité (France)", a déclaré Abdelfattah Zahrach, un des cinq avocats qui se sont relayés à la tribune.
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Les avocats ont par ailleurs annoncé l'organisation d'un colloque national dédié à la protection des droits liés aux victimes de viol et autres crimes. A ce sujet, Me Mohamed Karrout a expliqué que "le colloque sur la protection des victimes constituera une première étape vers l'élaboration d'un projet de loi et d'un cadre juridique renforçant les droits des individus". "J'ai réalisé, il y a quelques années une thèse universitaire sur ce sujet. Il est temps que l'Exécutif accorde une protection juridique et autres aux individus persécutés", a-t-il souligné devant les victimes, toutes passablement bouleversées, face à l'exposé de cet avocat.
Devant les journalistes, ces femmes victimes de viol ont apporté des témoignages forts, poignants et perturbants. Ces dernières ont dénoncé certains journalistes, ainsi que des ONG qui ont totalement négligé de les défendre "au nom soit disant de la liberté de la presse et des droits de l'homme. Ces parties ont malheureusement défendu le bourreau en ignorant les victimes qui ont tout perdu", ont-elles affirmé unanimement. "Je suis venue témoigner publiquement pour la première fois pour que de tels crimes ne se reproduisent plus" a déclaré Asma El Halaoui, une de la dizaine de victimes du procès de Bouachrine.
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D'autre part, le gouvernement n'a pas été à l'abri de vives critiques lors de cette conférence, les avocats ayant dénoncé notamment la déclaration de Saâd Eddine El Othmani, selon laquelle "le dossier de ces femmes est entre les mains de la justice".
"Ces femmes ont tout perdu, leur dignité, leur famille, leur place dans la société, leur emploi. Elles ont même peur de sortir dans la rue", ont martelé les avocats affirmant qu'ils ne resteront "plus silencieux devant aucune sorte d'atteinte qu'elle émane de la presse, d'ONG et d’individu".