La plupart en rêvent et s’y préparent depuis des années. Et pour beaucoup, c’est le projet d’une vie et l’accomplissement d’un ancien et immense projet spirituel. D’autant qu’en plus des moyens financiers importants dont il faut disposer (comptez 50.000 dirhams comme seuil, vols et séjour uniquement), il faut aussi passer par la case fatidique du tirage au sort.
Le hajj, ce n’est pas pour tout le monde, et un quota annuel est à respecter pour chaque pays émetteur de pèlerins à la Mecque. Pour le Maroc, ce quota a été fixé à 34.000 pèlerins cette année. C’est ainsi que réussir dans cette loterie est le Graal absolu.
Cette première phase a bel et bien eu lieu et les «vainqueurs» sont désormais connus, mais depuis le 2 mars dernier, date de l'annonce du patient zéro au Maroc, qui a signé l'arrivée du coronavirus dans le pays, le fait d'accomplir ce cinquième pilier de l’islam paraît impossible cette année. Si aucune annonce officielle n’a, pour l’heure, encore été faite de la part des autorités saoudiennes, la persistance de la propagation du virus et le précédent de la suspension de la Omra plaident fortement pour un tel scénario.
Les candidats déboutés pourront être remboursés quant aux frais avancés aux agences de voyages et autres. Le ministère du Tourisme s’y est engagé et la procédure est en cours d’adoption. Mais ce n’est pas là où le bât blesse. «La portée spirituelle de ce voyage fait que ce n’est pas tant les frais avancés que le spectre de ne pas se rendre aux lieux saints qui effraie les pèlerins. C’est mon cas aujourd’hui», nous explique ce candidat.
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S’ils sont sûrs de récupérer leur argent, les pèlerins de cette année ne sont pas certains de voir leur chance de partir une prochaine fois se renouveler. La possibilité de maintenir les mêmes listes des personnes tirées au sort pour l’année prochaine n’a d’égale que la perspective d’une annulation pure et simple des «résultats» de la saison en cours, et la reprise depuis le point zéro de tout le processus.
Contactée, une source autorisée au ministère des Habous et des affaires islamiques reste des plus prudentes. «Nous attendons d’abord que les autorités saoudiennes se prononcent officiellement sur la tenue, ou non, du hajj cette année. En cas d’annulation, nous étudierons les scénarios possibles de près», nous déclare ce fonctionnaire.
En attendant, le Maroc planche sérieusement sur la piste d’un élargissement du quota qui lui est accordé par les autorités saoudiennes. «C’est une affaire de négociations et la finalité sera de sauvegarder les droits des personnes sélectionnées cette année tout en ouvrant la possibilité de participation au hajj à de nouveaux groupes», explique notre source. Wait and see.