Saïdia, le 29 août 2023. Un groupe de quatre vacanciers marocains quittait les rives de Saïdia pour une escapade en jet-ski. Sans se douter du destin tragique qui les attendait, leur itinéraire les a menés à travers des eaux ambiguës. Surpris par la nuit, ils se sont orientés grâce à une lueur confuse émise par Port-Say et ont involontairement franchi les eaux territoriales algériennes, déclenchant la réaction disproportionnée des garde-côtes des voisins de l’Est.
En quelques instants, tout bascule. Les garde-côtes ouvrent le feu sans avertissement. Résultat: Bilal Kissi est abattu, son corps retrouvé en mer est rapatrié pour un enterrement digne au Maroc. Abdelali Mchiouer subit le même sort, sa dépouille n’ayant été restituée qu’après 114 jours, le 21 décembre 2023. Ismaïl Snabi, quant à lui, est arrêté et emprisonné pendant 12 mois en Algérie, victime d’une détention injustifiée. Mohamed Kissi est le seul survivant.
«Les quatre jeunes se sont simplement trompés, ils n’avaient aucune intention d’entrer en Algérie. Au lieu de fournir de l’aide ou de clarifier la situation, les autorités maritimes ont réagi avec une violence disproportionnée, transformant une erreur de navigation en une tragédie», regrette Yahya Kissi, l’un des proches de Bilal Kissi.
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Sur son jet-ski, Yahya Kissi nous a accompagnés en mer pour nous montrer l’itinéraire emprunté par le groupe des quatre vacanciers, ce jour fatidique. «Nous sommes là en pleine mer… Cap-De-L’eau est de l’autre côté. La marina de Saïdia se trouve à droite. Port-Say est en face. Il était difficile pour eux de voir où se trouvait exactement la marina une fois la nuit tombée», nous montre-t-il, ses yeux suivant le point qu’il désigne.
Aucun repère visuel n’aurait pu aider ces quatre vacanciers à localiser précisément leur position. Privés de balises visibles, ils se sont retrouvés totalement désorientés en pleine mer. «Cette absence totale de repères a amplifié la confusion engendrée par la lumière diffuse émise par Port-Say, laquelle ne leur permettait pas de réaliser qu’ils avaient traversé les eaux territoriales algériennes. Rien n’indique de délimitation, il n’y a même pas de rochers», conclut-il avec une amertume.