Une sortie en mer, le 29 août à Saïdia, qui devait être un moment de détente pour Ismaïl Snabi et ses amis a viré au cauchemar lorsqu’une pénurie de carburant et un épais brouillard les ont désorientés, les conduisant accidentellement dans les eaux territoriales du Maroc et de l’Algérie. Ce qui s’ensuivit, fut un enchaînement de faits tragiques et de décisions judiciaires, particulièrement lourdes de conséquences pour ce jeune Franco-marocain.
Ismaïl Snabi s’est donc retrouvé au cœur d’une affaire judiciaire en Algérie, accusé d’entrée illégale et de contrebande de véhicule, après avoir été arrêté par les garde-côtes algériens lors de cette sortie qui a mal tourné. Il a été condamné à trois mois de prison ferme, pour entrée illégale le 30 août. Sa peine a été confirmée en appel le 24 septembre.
Et pour avoir franchi les eaux territoriales du Maroc et de l’Algérie, sans les papiers appropriés du jet-ski, propriété de son ami, Mohamed Kissi, il a écopé initialement de six mois ferme et une amende de 100.000 euros le 6 septembre. Une peine augmentée à un an, en appel le 1er octobre.
Résultat: Ismaïl Snabi a été condamné à un total de quinze mois de prison. Ces peines, n’ont pas été pour autant, fusionnées, alors que la loi le permet, allongeant ainsi sa période de détention. «Initialement, Ismaïl Snabi a été condamné par la justice algérienne à trois mois de prison ferme pour entrée illégale et à douze mois ferme pour contrebande de véhicule. Les deux peines, totalisant quinze mois, n’ont pas été fusionnées. Aucune démarche n’a été entreprise pour les combiner, ce qui aurait réduit la peine de prison à un an. Depuis son incarcération, 7 mois sont passés, il lui reste 8 mois de détention à purger», explique, pour Le360, Me Hakim Chergui, qui vient de prendre la défense de Ismaïl Snabi.
La défense plaide pour la fusion des peines
Selon Me Chergui, Ismaïl Snabi a été récemment transféré par les autorités algériennes à la prison de Tiaret, après avoir été initialement détenu à Maghnia, sans que sa famille n’en soit informée. «Les conditions de son incarcération et le manque de communication soulèvent des inquiétudes sur le respect de ses droits», déplore-t-il.
Pour le moment, l’avocat d’Ismaïl Snabi s’active pour faire valoir ses droits et plaide pour la fusion des peines, qui pourrait réduire sa détention. Mais le chemin de la justice semble parsemé d’obstacles. Dans cet effort, une ONG, «Free Ismaïl Snabi», a été créée par la famille pour organiser des campagnes de levée de fonds et de soutien, dans l’espoir de faciliter sa libération.
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«Il y a une semaine, nous avons fondé cette association, laquelle a été déclarée en France. Présidée par l’épouse et le frère d’Ismaïl, cette ONG a pour objectif de mener des campagnes de levée de fonds et de soutien en faveur de la cause d’Ismaïl Snabi, jusqu’à ce qu’il sorte de prison. Actuellement, des démarches sont en cours pour ouvrir des comptes bancaires pour l’association, tant en France qu’au Maroc, afin de faciliter la participation des Marocains à cette initiative», fait savoir notre interlocuteur qui a précédemment pris la défense de la famille Mchiouer.
Pour rappel, de cette promenade en mer, le 29 août 2023, seul un membre du groupe, Mohamed Kissi, est parvenu à regagner le Maroc sain et sauf. Les trois autres n’ont malheureusement pas eu sa chance. Son frère Bilal a été tué par les balles de la marine algérienne et son corps a pu être repêché en mer, pour être dignement enterré au Maroc. Abdelali Mchiouer est lui aussi tombé sous ces mêmes balles, mais sa dépouille, récupérée par les garde-côtes algériens, n’a été restituée que le 21 décembre 2023, soit 114 jours après le drame. Ismaïl Snabi a été, quant à lui, emprisonné en Algérie. Il est désormais incarcéré depuis 220 jours.