On connaissait le passé terroriste d’Ali Aarrass, un Belgo-marocain condamné au Maroc pour terrorisme et libéré en 2020, sa reconversion à travers laquelle il se présente désormais comme «défenseur des droits de l’Homme» et ses charges à volonté contre les autorités marocaines qu’il accuse de torture. Ce qu’on ne savait pas, ou moins, ce sont ses talents d’acteur et de scénariste ainsi que de grand manipulateur, capable de pousser ses victimes à commettre l’impensable.
C’est pourtant ce que vient de révéler Brahim Akrach, un codétenu d’Ali Aarrass dans le centre pénitentiaire Salé 2 où ils ont purgé leurs peines respectives. Le véritable film sur sa «torture» et ses conditions de détention, Ali Aarrass y avait mûrement réfléchi et l’a mis à exécution depuis sa cellule, entre juillet et août 2014. Le dindon de la farce n’est d’ailleurs autre que Brahim Akrach qui aura, malgré lui, été le complice et l’homme de main du terroriste. Dans une vidéo publiée sur YouTube, il raconte comment Aarrass a profité de sa bonté et de la liberté de mouvement dont il jouissait à l’intérieur de la prison en tant qu’intendant pour le manipuler à souhait. Libéré en 2015, et face à la grossièreté des mensonges à répétition d’Aarrass, il met fin à des années de mutisme. Ses révélations sont fracassantes.
Tout commence quand Ali Aarrass détecte la grande naïveté de Brahim Akrach, mais aussi et surtout la liberté de mouvement dont il disposait à l’intérieur du pénitencier en tant qu’intendant. À chacun de ses passages pour lui livrer ses repas, Akrach avait droit à des monologues censés l’apitoyer sur le sort du terroriste. Sa vie d’avant, sa fille en bas âge, son commerce en Belgique… Tout y passe. Le stratagème fonctionne. Au point que Aarrass va lui demander un service: tremper une éponge dans de l’encre bleue et lui dessiner de fausses marques de blessures sur le dos. Aarrass expliquera à sa victime que le but de la manœuvre est de susciter la pitié du procureur du Roi à l’occasion d’une visite prévue.
Plus tard, Ali Aarrass demandera à Brahim Akrach de lui procurer un téléphone portable, que dissimulait un autre détenu. «Il a dit que c’était pour pouvoir parler à sa fille, qu’il n’a pas vue depuis des années et qui lui manquait», témoigne Brahim Akrach, le détenu repenti. Entre codétenus, quoi de plus normal que se rendre des services, quitte à enfreindre les lois et règlements du pénitencier quand cela est possible.
Ce que Brahim Akrach ne savait pas, c’est que ces manœuvres faisaient partie de tout un master plan: une fois libre, il allait s’en servir pour se faire passer pour une grande victime de torture et d’atteinte aux droits humains. Mieux, il poussera le génie jusqu’à demander des savonnettes à son intendant, au prétexte d’en avoir besoin pour son hygiène. Brahim Akrach découvrira qu’Aarrass s’en servait pour fabriquer une mousse verdâtre dont il tachait les murs de sa cellule. Le tout, pour donner à voir un «cachot» insalubre et, donc, des conditions inhumaines de détention. «Ceci, en sachant que sa cellule était la plus propre et la plus ensoleillée de toutes au sein de cet établissement», précise Akrach.
C’est bien plus tard que le pot aux roses va éclater et c’est sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, que Brahim Akrach découvrira tout ce à quoi ses petits services rendus ont servi: faire croire que le pauvre Ali Aarrass était victime de mauvais traitement et était roué de coups. Une illusion qui continue de fonctionner dans certains milieux qui préfèrent voir en lui une «victime» alors qu’il n’en est strictement rien. Chose contre laquelle ils sont de plus en plus nombreux à s’insurger. Pour sa part, Brahim Akrach entend porter plainte.