Abdelaziz Aouragh. Peut-être que ce nom ne vous dit pas grand-chose, en dehors bien sûr de (l’évidente) consonance marocaine. Une chose reste pourtant sûre : ce nom risque de faire beaucoup entendre parler de lui, ici et surtout ailleurs où, déjà, il est courtisé par les géants de l’industrie du sexe. "Un Néerlandais d’origine marocaine ouvre la première boutique en ligne musulmane de vente de produits érotiques certifiés halal", révèle Al Akhbar, dans son édition du week-end. "Le premier sex-shop halal au monde a été lancé par un Marocain né à Amsterdam, sous le label Al Assira", dévoile le quotidien, en estimant que ce nouveau filon promet de booster l’industrie halal qui ambitionne de réaliser, à l’horizon 2020, un chiffre d’affaires de 6,4 trillions de dollars.
"Dès les premiers jours du lancement de ce sex-shop halal en ligne, il a drainé un nombre de 60.000 abonnés à travers le monde", renchérit Abdelaziz Aouragh, qui se frotte déjà les mains à l’idée de conquérir l’Arabie saoudite -fer de lance de sa conquête annoncée d’un marché musulman de 1,5 milliard de consommateurs! "Les autorités religieuses de l’Arabie saoudite ont donné leur accord pour l’ouverture d’une première enseigne à la Mecque", annonce le quotidien arabophone. Au début du mois de mai dernier, la direction de ce sex-shop a réalisé un grand coup de maître en fusionnant avec Beate Uhse, le célèbre géant allemand de produits érotiques qui existe depuis 1946 et réalise des chiffres d’affaires de près de 150 millions d’euros chaque année. "Cette fusion devrait voir naître un projet de conquête du marché de la Mecque", s’est alors félicité le patron d’Al Assira qui, comme son nom l’indique, possède une forte connotation érotique. "Nous allons amener nos 18 produits islamiques sur le marché à travers Beate Uhse", a-t-il a certifié, en précisant que cette co-société avec Beate Uhse -qui dispose de 96 enseignes dans 11 pays européens- sera très éloignée des sex-shops traditionnels.
Une potion érotique 100/100 halal !
Ne vous y trompez pas : les produits alignés par le premier sex-shop islamique n’ont rien en commun avec les sex-toys, les godemichés et autres poupées gonflables, précise le quotidien Al Akhbar. On peut y trouver plutôt des crèmes, des lotions, des huiles de massage et autres bougies de massage. Comme veut bien le souligner son créateur, "l’acte en lui-même n’est pas au centre de nos produits, c’est ce qu’il se passe autour (…) Nos produits augmentent les sentiments de sensualité et améliorent l’atmosphère". Tout simplement, mettre du piquant dans la sexualité du couple. Bel argument, sauf qu’il n’est pas entendu de cette oreille. A l’ouverture de son sex-shop, l’instigateur a dû faire face à de véhémentes critiques de la part des gardiens autoproclamés de la Charia. Ainsi a-t-il été accusé de vouloir "faire débaucher" la jeunesse musulmane, à travers l’écoulement sur le marché de produits destinés à stimuler leur sexualité et, du coup, les exposer à des relations extraconjugales. En réaction, le propriétaire du sex-shop a précisé que ses produits étaient plutôt destinés aux conjoints et que, après tout, il avait reçu une fatwa autorisant la vente de ses produits conformes à la Charia. Une première qui ne manquera pas de faire jurisprudence.