Taounate: les sources d’eau asséchées par la culture du cannabis

Un champ de culture du cannabis.

Un champ de culture du cannabis. . DR

Revue de presseDans plusieurs douars de la province de Taounate, les producteurs de cannabis privent les habitants d’eau potable, mettant en péril la vie humaine, l’élevage et l’environnement. La commune de Tbouda en est l’un des exemples les plus frappants, où l’accaparement anarchique des ressources hydriques menace l’équilibre socio-économique local. Une revue de presse tirée d’Assabah.

Le 30/06/2025 à 19h52

La situation, dans plusieurs douars de la province de Taounate, notamment dans la commune de Tbouda, atteint un seuil alarmant. «Les producteurs de cannabis s’accaparent de manière illégale les ressources en eau, provoquant une crise aiguë d’approvisionnement pour les habitants et leurs troupeaux», rapporte Assabah dans son édition du 1er juillet. Cette pénurie touche de plein fouet une population dont l’économie repose en grande partie sur l’élevage, aujourd’hui menacé par l’assèchement des sources.

Mfadel Ghaidouni, conseiller communal, tire la sonnette d’alarme: «La rareté de l’eau potable s’aggrave, d’autant que la commune ne bénéficie pas du programme national d’approvisionnement en eau potable en milieu rural». La situation est exacerbée par l’excavation illégale de puits dans les lits des oueds, ainsi que par l’utilisation de pompes puissantes pour irriguer les cultures de cannabis, souvent au détriment de l’usage collectif des ressources hydriques.

«Malgré la présence de preuves visuelles du pompage anarchique, les autorités restent inertes», affirme le journal. Dans certains cas, des bulldozers sont utilisés pour creuser des puits non autorisés, épuisant les nappes phréatiques et aggravant la désertification locale. Ce détournement manifeste d’un bien commun met à mal le principe fondamental de justice sociale en matière de gestion de l’eau, alors même que cette dernière est reconnue comme un droit essentiel à la vie.

Les habitants de Tbouda, confrontés à des températures dépassant les 40°C, ne disposent que de deux heures d’eau potable par jour via des réservoirs publics rapidement vidés. La pression sur les ressources est telle que l’oued Aoudor, principale source d’eau de la région, est désormais à sec. Pendant ce temps, la culture du cannabis s’étend sans contrôle, en dépit de la loi adoptée pour encadrer cette activité. Ce cadre juridique, censé mettre fin à l’illégalité, semble aujourd’hui servir de couverture à de nouvelles pratiques prédatrices, notamment par le biais de pompes dissimulées qui fonctionnent en continu.

Face à cette catastrophe silencieuse, les habitants sont contraints de faire la queue pendant des heures devant les fontaines publiques, de parcourir de longues distances à la recherche d’un point d’eau ou encore de payer des prix exorbitants pour des réservoirs d’eau individuels, grevant encore davantage leurs maigres revenus.

Par Hassan Beadad
Le 30/06/2025 à 19h52