Subventions à l’élevage: des listes fictives de bénéficiaires, des cheptels inexistants et des pratiques frauduleusess

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Une opération de recensement du cheptel a mis au jour des irrégularités alarmantes dans l’attribution des aides publiques destinées à l’élevage ovin et caprin. (Photo d'illustration). . DR

Revue de presseUne opération de recensement du cheptel a mis en lumière des irrégularités alarmantes dans l’attribution des aides publiques destinées à l’élevage ovin et caprin. Des listes fictives de bénéficiaires, des cheptels inexistants et des pratiques frauduleuses ont été révélés, coïncidant avec les accusations portées par le groupe parlementaire du PPS contre l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC). Une revue de presse tirée d’Al Akhbar.

Le 15/07/2025 à 20h04

L’enquête menée par les autorités compétentes a exposé des pratiques troublantes dans la gestion des aides publiques accordées aux éleveurs. Selon les données recueillies, certains bénéficiaires perçoivent depuis quatre ans une subvention de 750 dirhams par tête de bétail… sans détenir le moindre animal. «Plus grave encore, l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), qui perçoit 30% du montant total de ces subventions, est accusée d’avoir sciemment gonflé les chiffres du cheptel national», rapporte Al Akhbar du mercredi 16 juillet.

Des sources concordantes rapportent que des éleveurs contournent les règles en achetant des moutons sur les marchés locaux uniquement pour prétendre aux aides, avant de les revendre peu après. Or, les bénéficiaires s’engagent théoriquement à conserver les animaux subventionnés pendant cinq ans. D’autres ont recours à une méthode tout aussi illégale: la location temporaire de bétail.

Certains individus loueraient des moutons à 150 dirhams par tête, perçoivent les 750 dirhams de l’État, puis restituent les animaux à leurs propriétaires initiaux, empochant ainsi une marge substantielle au détriment des deniers publics. Lors de la séance parlementaire du 14 juillet, Rachid Hamouni, président du groupe PPS à la Chambre des représentants, a vivement dénoncé ces dérives en présence du ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari.

Le député a fustigé les «chiffres irréalistes et surévalués» avancés par l’ANOC, suggérant une manipulation délibérée pour maximiser les subventions publiques. Il a également déploré le manque de transparence de l’association, allant jusqu’à expulser ses propres membres pour toute critique exprimée. «Une association qui bénéficie de millions de dirhams en subventions doit répondre de ses actes», a-t-il martelé, exigeant l’ouverture d’une enquête approfondie, relaie Al Akhbar.

Il s’est également interrogé sur l’évaluation menée par le ministère de l’Agriculture, dont la réponse s’est limitée à souligner que les comptes de l’ANOC sont audités annuellement par la Cour des comptes et d’autres instances de contrôle financier. Le ministre El Bouari s’est ainsi contenté d’évoquer les audits réguliers, sans apporter de réponses concrètes aux accusations de fraude. Pire encore, le président de l’ANOC aurait rejeté toute responsabilité dans le recensement du cheptel sur le ministère de tutelle.

Par Hassan Benadad
Le 15/07/2025 à 20h04