L’accomplissement du rituel ibrahimique de l’Aïd al-Adha s’accompagne d’une consommation élevée en eau potable par les ménages. Vu la situation exceptionnelle que traverse le Grand Marrakech cette année, le comité technique, composé par l’ABHT, la RADEEMA et l’ONEE (branche eau) sous l’égide du comité de vigilance de la préfecture de Marrakech, poursuit sa campagne de sensibilisation, cette fois-ci auprès de la société civile. En ligne de mire: contenir la pression sur les ressources hydriques.
Après l’appel à vigilance lancé courant juin, l’idée est d’impliquer davantage le citoyen dans la préservation des ressources disponibles. A cet effet, les différents acteurs associatifs appelés à la rescousse ont pour mission officieuse de distiller le message aux ménages et de susciter l’adhésion du public pour la mise en application des propositions formulées par la comité de vigilance comme ultimes voies de sortie de crise.
«Si chaque ménage parvient à économiser 1m3, c’est à terme une économie d’échelle non négligeable de 500.000 m3», lance Ithar Khair-Allah, chef de division de la gestion des ressources en eau de l’Agence de bassin hydraulique du Tensift, devant un parterre attentif.
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Si la participation des citoyens s'avère non négligeable dans la réalisation d'économies substantielles, il en va de même pour les entreprises, et les institutions publiques et privées. Une opération d'audit menée par le comité a relevé plusieurs incohérences dans la gestion de l'eau qui n'exclut pas la possibilité de présence de fuites, mais aussi d'opérations de racket organisées…
«Pendant le confinement, nous avons constaté l'envolée des factures d'eau de certaines mosquées, alors qu'elles étaient fermées durant cette période», note par exemple un responsable de l'ABHT. «La responsabilité incombe davantage aux acteurs économiques et nous sommes là pour nous assurer de leur adhésion», souligne pour sa part Hicham Jallad, acteur associatif.
Rappelons que Marrakech traverse l’un des pires épisodes de stress hydrique de son histoire moderne. En effet, comme nous le répétons depuis quelques mois dans nos colonnes, des signes avant-coureurs annonçaient déjà la couleur. A commencer par la situation du bassin hydraulique du Tensift qui a enregistré, en début d’année, son pire mois de janvier depuis huit décennies.
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S'y ajoute la situation des principaux barrages qui assurait l’alimentation en eau potable de la ville. Hassan 1er, par exemple, a enregistré son niveau le plus faible et ce, depuis 1940, soit l’année de construction du barrage. Face à une telle situation, les eaux superficielles limitrophes s'avèrent insuffisantes pour combler le besoin local. Par conséquent, les deux tiers des besoins de la ville ocre sont acheminés du barrage Al Massira, dont le taux de remplissage s'affiche à moins de 6%. Le déficit chronique en eaux pluviales s'accompagne du déficit des nappes phréatiques.
L’attrait pour la ville de Marrakech, et l’urbanisation massive qui en découle, maintiennent à la hausse la demande (3%), ce qui accroît la pression sur les ressources souterraines. «Dans le bassin de Tensift, on note, cette année, un déficit de 168 millions de m3», alerte Ithar Khair-Allah.
Dans la quête d’une souveraineté économique, le Maroc mise gros sur l’efficacité énergétique pour asseoir son positionnement en tant que hub régional attractif dans un contexte géopolitique en pleine mutation. Mais, la conjonction du tarissement des ressources et des effets du changement climatique impose désormais l'efficacité hydrique comme priorité transversale.