Stade «Donor»: les dessous d’un fiasco financier

Stade Mohammed V à Casablanca.. DR

Revue de presseLe complexe sportif Mohammed V de Casablanca continue de susciter la controverse, en raison de rénovations répétées ayant mobilisé des budgets faramineux, sans pour autant permettre à l’infrastructure d’atteindre les standards professionnels escomptés. Une situation qui a conduit au dépôt d’une plainte, selon l’hebdomadaire Al Ayyam, source de cette revue de presse.

Le 02/05/2025 à 21h59

«C’est un champ de pommes de terre.» Cette formule choc, lancée en 2002 par Traoré Siaka, entraîneur de l’Asec Mimosas, à l’issue d’un match contre le Raja de Casablanca en demi-finale de la Ligue des champions africaine, résumait sans détour l’état catastrophique de la pelouse du complexe sportif Mohammed V.

Depuis, la formule a fait florès. En 2011, le Tunisien Nabil Maâloul la reprenait après une rencontre entre l’Espérance de Tunis et le Wydad. Rebelote en 2019, après un match opposant le Wydad au Mamelodi Sundowns. À chaque fois, la critique revient comme un refrain amer, ciblant une pelouse indigne des standards internationaux.

Des propos jugés insultants par certains médias marocains, qui y voyaient une atteinte à l’un des stades les plus emblématiques du pays. Mais derrière l’indignation, une réalité tenace: malgré des rénovations successives et des budgets colossaux, les critiques n’ont jamais cessé, qu’il s’agisse de l’état du terrain ou de la gestion financière du complexe.

Aujourd’hui, ce n’est plus seulement la qualité du gazon qui est en cause, mais aussi l’opacité et l’inefficacité entourant les investissements réalisés.

Dans ce contexte, Al Ayyam rappelle la plainte déposée le 23 juin 2023 par l’Association marocaine de protection des deniers publics auprès du procureur général du Roi près la Cour d’appel de Casablanca. Celle-ci évoque des soupçons de dilapidation de fonds publics, de corruption et de favoritisme.

La plainte s’appuie sur un rapport accablant de la Cour régionale des comptes de Casablanca-Settat, qui met en lumière de graves dysfonctionnements financiers dans les marchés liés aux travaux du stade. Elle pointe du doigt des irrégularités dans les transactions entre la commune urbaine de Casablanca et trois Sociétés de Développement Local (SDL) —Casablanca Aménagement, Casablanca Events et Animation, et Casablanca Patrimoine— ainsi qu’un bureau d’études et une entreprise partenaire.

Le rapport évoque notamment des appels d’offres non conformes à la réglementation, des études commandées sans véritable finalité, et des montants considérables évaporés dans des circuits peu transparents.

Au final, ce sont des milliards de dirhams qui auraient été engloutis, sans que le stade n’atteigne les standards promis. Une dérive que Al Ayyam qualifie, en reprenant les termes de la plainte, de véritable «machine infernale de gaspillage», toujours en marche, au détriment de l’intérêt général.

Par Mohamed Younsi
Le 02/05/2025 à 21h59