Sociétés sportives: les dessous d’un échec

Logo de la Fédération royale marocaine de football (FRMF).

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Revue de presseLa transformation des clubs de football marocains en sociétés sportives, initialement perçue comme une réforme majeure, n’a pas encore entraîné de changements significatifs, malgré les investissements consentis. Cette revue de presse est tirée d’un article d’Assabah.

Le 06/02/2025 à 19h18

La transformation des clubs de football en sociétés sportives n’a pas encore atteint les objectifs fixés, en raison de divers facteurs.

Dans son édition du vendredi 7 février, Assabah rapporte les principales conclusions d’une enquête que le quotidien a menée dernièrement à ce sujet. D’après le journal, les clubs de football de première comme de deuxième division, ont reçu 2,24 milliards de dirhams, soit l’équivalent de 7 millions de dirhams pour chacun d’entre eux. Ce montant a été déboursé par le ministère de tutelle et la Fédération royale marocaine de football pour encourager les clubs à créer des sociétés sportives affiliées et à établir une base solide pour leur développement. D’autres incitations ont également été prévues.

Sauf que sur le terrain, la situation est totalement différente. En effet, la plupart des clubs ont utilisé ce financement pour couvrir les salaires des joueurs et des entraîneurs au lieu d’investir cet argent dans la création et le développement de leurs sociétés sportives. Pour rappel, les 32 clubs engagés dans le championnat ont tous procédé à la modification de leurs statuts, pour les mettre en conformité avec la loi 30.09 sur l’éducation physique et le sport, et ont obtenu l’agrément du ministère, une étape indispensable pour la création des sociétés sportives. L’obtention de cet agrément leur permet d’accéder systématiquement à l’aide financière de 7 millions de dirhams.

Des sociétés toujours dépendantes des associations

Assabah révèle que les sociétés sportives marocaines, bien que créées, manquent cruellement d’indépendance, ce qui les empêche de remplir pleinement leurs missions et d’améliorer la gouvernance des clubs, l’objectif initial de ce projet. Le quotidien souligne notamment le rôle du législateur, qui n’a pas su garantir un minimum d’autonomie à ces sociétés. L’assemblée générale de l’association sportive (ndlr: le club) conserve un pouvoir important, notamment celui de déléguer des pouvoirs au président, qui peut ainsi vendre des parts de la société. De plus, l’association sportive, détenant la majorité des actions, conserve le pouvoir de nommer les membres du conseil d’administration, en particulier dans les clubs monosports.

Dans le cas des clubs omnisports, précise Assabah, les différentes sections désignent leurs représentants au sein du bureau directeur de l’association mère, qui, à son tour, crée la société sportive et nomme ses administrateurs en fonction du nombre de délégués de chaque section.

Dans ce contexte, la société sportive reste sous la houlette de l’Association sportive, dont le bureau en garde le contrôle direct et continue de ce fait de gérer les clubs. D’ailleurs, sur ce point, Assabah relève que la plupart des clubs ont placé des membres de leur bureau directeur à la tête de la société sportive, et certains présidents cumulent même la présidence de l’association et celle du conseil d’administration de la société sportive.

Pour l’heure, la création des sociétés sportives n’a pas modifié la gestion des clubs. L’ancien système est toujours en place, mais il a juste changé de forme.

De ce fait, d’après Assabah, la gestion des finances, des subventions et des cotisations des membres reste aux mains de l’association, ce qui entraine des blocages administratifs.

Où est l’investissement privé?

Le projet de transformation des clubs en sociétés sportives, initialement conçu pour attirer les investisseurs privés, n’a pas atteint ses objectifs. Le journal Assabah met en lumière les raisons de cet échec, soulignant notamment la protection de l’identité et des valeurs des clubs, considérés comme appartenant à leur public et à leurs adhérents. Cette logique a conduit à autoriser l’association sportive, dont les dirigeants sont issus des assemblées d’adhérents, à conserver la majorité des actions de la société sportive. Or, cette configuration décourage les investisseurs privés potentiels. De plus, la mission de recenser et de valoriser les biens du club a été confiée à cette même association, renforçant ainsi son emprise sur la société sportive.

Selon Assabah, un ancien dirigeant sportif constate que le nombre de sponsors dans le football marocain a considérablement diminué. Il explique cette désaffection par l’opacité de la gestion des clubs, due à l’influence du système associatif. Le projet de sociétés sportives, qui devait apporter plus de transparence, n’a pour l’instant pas porté ses fruits, ce qui compromet l’attractivité du football marocain pour les investisseurs privés.

Par Fayza Senhaji
Le 06/02/2025 à 19h18

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