Encore une étude qui ne veut rien dire et qu’on va se faire un plaisir de "démonter". Vous l’aurez compris, on adore ça ! Une étude qui porte sur "les habitudes sexuelles au Maroc", un peu comme on étudierait la fornication chez les singes Magots de l’Atlas. Etude parrainée par Bayer Schering Pharma et qu'on a on applaudie en en vantant, avant même de nous expliquer les tenants et aboutissants de l’étude (qui ne seront de toute façon pas explicités. Comment le pourraient-ils ?), ni les modalités scientifiques de cette étude hautement édifiante, les résultats mirifiques qui mérireraient bien une place dans le Guinness book des records : donc, sachez que 56% des marocains se flattent d’avoir 2 à 3 orgasmes par rapport sexuel, et que 40% d’entre eux ont des rapports qui durent entre 31 et 60 minutes.
Et alors ?
Que faisons-nous de cela ? On se le demande. Sauf qu’il est fort à parier que la plupart de ceux qui viennent de lire ces "résultats", là, maintenant, sont en train de compter le nombre d’orgasmes qu’ils ont bien pu avoir, le temps record qu’ils ont bien pu atteindre, et mettront le chrono la prochaine fois pour jauger les prouesses de leur conjoint. Une étude pour semer la zizanie dans les couples, quoi ! Même si, on vous l’accorde, à moins de 30 minutes, vous avez le droit de faire un peu la tête et même de traiter l'autre de singe de l'Atlas (singe tout court parce que, pour le "magot", faudra apparemment repasser et nos excuses en passant au singe Magot, très mignon, et qui n'y est pour rien dans tout ça), et même s’il semble que des sexologues américains et canadiens estiment la durée idéale d’un rapport sexuel entre 3 et 13 minutes ! "Idéale" pour qui ? Pourquoi ? On ne sait pas trop…
Question fréquence, par contre, ça laisse un peu à désirer; donc, tout le monde sera rassuré et il y en a qui pourront quand même dormir de temps en temps sans se sentir pris de complexes pour n’être pas dans la moyenne nationale : car, à part les 8% qui se targuent de faire l’amour tous les jours, 45%, la majorité, donc, déclarent 2 à 3 rapports par semaine et 26% déclarent 4 à 6 rapports hebdomadaires. On croirait à une déclaration fiscale, avec pas mal de fraudes, sûrement, sauf que là, ça ne mange pas de pain, n’est-ce pas, enfin, apparemment, du moins, cette boîte pharmaceutique ayant quand même certainement quelque chose à gagner dans tout ça. Un petit espoir de voir décoller le marché du Viagra (vu que, selon l’enquête, 84% des marocains hommes et femmes confondus estiment qu’une érection durable est le facteur le plus important dans un rapport sexuel) et des antidépresseurs (vu que 32% sont prêts à rompre avec leur partenaire si la qualité des rapports sexuels laissaient à désirer) ? A part ça, 8+45+26, c’est loin de faire 100. Où sont passé les 21% manquants ? On ne sait pas trop non plus…
Vous avez dit "enquête" ?
Sachez quand même que cette étude "scientifique" basée sur des dires, donc, impossibles à vérifier, ce qui porte déjà un sacré coup à la crédibilité des "résultats", a ciblé 600 hommes et… 212 femmes ! A croire que 80% de la population marocaine est masculine. Eh bien, même pas : sur ce plan, au moins, de la proportion hommes/femmes, il y a égalité presque parfaite! Et, de toute façon, même sans cela, ce n'aurait en rien pu justifier cet échantillonnage. Enfin, nul doute qu’un questionnement de ce dernier semble plus intéressant que toute l'étude elle-même. Aucune explication à ce propos… Par ailleurs, les personnes interrogées ont toutes entre 35 et 60 ans : large tranche d’âge dans laquelle il n’est fait aucune distinction pour le traitement des réponses. L’enquête n’a par ailleurs porté que sur des habitants de grandes villes. Encore une enquête dont nous ne serons pas ressortis indemnes ! Admirable et foncièrement utile.