Séisme: des géologues expliquent l’apparition de nouvelles sources d’eau

Du fin fond de son sous-sol, une source d’eau a jailli dans la commune d’Ighil, l’épicentre du séisme du 8 septembre.

Le 17/09/2023 à 18h45

VidéoDu fin fond de son sous-sol, une source d’eau a jailli dans la commune d’Ighil, l’épicentre du séisme du 8 septembre. Un phénomène naturel résultant de la fissuration des couches géologiques, expliquent des géologues-sismologues interrogés par Le360.

C’est le tremblement de terre le plus puissant jamais enregistré dans le Royaume. Dans la nuit du vendredi 8 septembre, à 23h11, un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a frappé la région d’Al Haouz et a été ressenti dans plusieurs villes. Alors, scientifiquement, que s’est-il passé?

Contacté par Le360, Kamal Agharroud, géologue-chercheur, fait savoir que ce séisme dévastateur aurait été déclenché par la faille géologique du Tizi N’Test (une faille est une cassure avec déplacement de blocs rocheux, NDLR), en «sommeil» depuis plusieurs décennies. «L’Atlas est une zone d’activité sismique régulière, mais modérée. Un séisme d’une telle magnitude reste une surprise», ajoute-t-il.

La secousse principale a été suivie par des centaines de répliques, semant la panique parmi les habitants. Rien que de très normal, assure Lahcen Asebriy, géologue et expert en sismotectonique: «Il est parfaitement normal que des répliques suivent un tremblement de terre. Mais celles-ci sont généralement de magnitude nettement plus faible que celle de la secousse principale».

«Les répliques sont des secousses qui proviennent de mouvements dus au réajustement des blocs de la croûte terrestre, déplacés par la faille géologique. En fait, l’équilibre de ces blocs doit être rétabli progressivement. Et ce réajustement peut durer des semaines, voire des mois», explique notre interlocuteur.

De nouveaux circuits d’eau

Plus surprenant, ces multiples mouvements et réajustements ont donné naissance à une source d’eau dans la commune d’Ighil. Là encore, il n’y a rien qui relève de l’exceptionnel ou du miraculeux. «L’apparition de nouvelles sources résulte de la fissuration des couches géologiques suite à la secousse. L’eau souterraine stockée dans des nappes phréatiques peu profondes pourrait être soumise à deux types de pression: vers la surface, donnant naissance à de nouvelles sources, ou vers la profondeur, ce qui explique que certains puits s’assèchent. Par conséquent, le tremblement de terre peut redessiner tout le paysage des sources d’eau», explique Lahcen Asebriy.

«Le Haut Atlas est un réservoir très important de ressources en eau. Et un tremblement de terre de magnitude 7 peut déformer les zones karstiques et modifier la structure des cavités existantes. Il peut également perturber le niveau de la nappe phréatique temporairement ou d’une façon permanente. Par conséquent, on peut voir une modification ou une réorientation des voies d’écoulement d’eau», abonde Kamal Agharroud.

Les deux experts sont également d’accord sur la nature à la fois imprévisible et inévitable d’un séisme. «Nous ne pouvons pas prévoir ou empêcher un séisme. Par contre, nous pouvons localiser les zones à activité sismique importante et éviter toute construction d’habitations ou d’installations d’infrastructure de base dans ces régions», conclut Lahcen Asebriy.

Par Ihssane El Zaar
Le 17/09/2023 à 18h45