Secteur avicole: le marché des aliments pour volaille perturbe les prix

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Revue de presseFace à la cherté des prix de la viande blanche, le Conseil de la concurrence a décidé de mener une enquête qui démontre que le secteur des aliments pour volaille y contribue pour beaucoup. Une revue de presse du quotidien Assabah.

Le 03/01/2025 à 21h56

Au Maroc, les prix du poulet ont connu récemment une hausse notoire. D’après le quotidien Assabah, qui s’intéresse à ce sujet dans son édition du week-end des 4 et 5 janvier, les aliments pour volaille l’expliquent en grande partie. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Conseil de la Concurrence a récemment consacré une étude à ce secteur. Ses conclusions sont édifiantes, mais aussi alarmantes.

Le conseil constate déjà une forte concentration dans le secteur. En effet, «huit entreprises, à elles seules, détiennent près de 75% des parts de marché», souligne le quotidien. Cette situation conduit à une entente déguisée sur les prix. Du coup, les éleveurs n’ont plus aucune alternative que de se soumettre au diktat des entreprises et groupes qui contrôlent le secteur, souligne le quotidien.

Cette situation, poursuit Assabah, réduit en effet le pouvoir de négociation des producteurs de poussins et d’éleveurs de poulet de chair, obligés à la fois de se rabattre sur des aliments de qualité moindre et de répercuter le coût sur leur prix de vente.

C’est pour cela, poursuit Assabah, que le conseil a recommandé le recours à la farine de poisson comme alternative. Celle-ci est utilisée pour sa haute teneur en protéines et en acides aminés essentiels, précieux pour les jeunes animaux et les volailles. Elle contient également des acides gras oméga-3 bénéfiques pour la santé des animaux.

Au Maroc, «la production de farine de poisson est orientée majoritairement vers l’export, avec environ 136.000 tonnes exportées chaque année», note le quotidien. La filière de production d’huiles et de farines de poisson est représentée par 24 établissements autorisés par le département de la Pêche maritime, dont 19 sont agréées par l’UE, localisés essentiellement dans les villes de Laâyoune, Tan-Tan, Agadir, Safi et Essaouira. La filière génère près de 1.000 emplois directs et 20.000 emplois indirects.

Parmi les pistes à envisager, le conseil recommande également l’agrégation agricole chez les aviculteurs. Ce modèle représente, en effet, «une stratégie prometteuse pour contrer le pouvoir des fabricants d’aliments composés et améliorer la résilience des exploitations qui pâtissent d’une fragilité structurelle», relève Assabah.

Ainsi, l’agrégation permettrait aux éleveurs de renforcer leur position de négociation. En se regroupant, ils augmentent leur pouvoir de négociation face aux grands fournisseurs d’intrants et peuvent obtenir des conditions d’achat plus favorables, telles que des prix réduits. Cette consolidation de la demande est également de nature à encourager des pratiques commerciales plus transparentes et équitables.

Le conseil recommande également, entre autres pistes de travail, la diversification du secteur de la production d’aliments composés de bétail. Ce qui permettrait non seulement de répondre à des demandes croissantes, mais aussi de sécuriser et d’élargir les marchés. Cela contribuerait à la résilience des producteurs de mélange d’aliments face aux fluctuations des marchés traditionnels, tout en offrant de nouvelles perspectives de croissance et d’innovation.

Par Amyne Asmlal
Le 03/01/2025 à 21h56