Âgé d’à peine neuf ans, il a réussi à passer à travers les filets du dispositif sécuritaire de l’aéroport de Fès-Saïss, contournant tous les points de contrôle jusqu’à embarquer à bord d’un avion en partance pour l’Allemagne. Son histoire atypique ne ressemble en rien à celle des nombreux “harraga” qui tentent de rejoindre l'Europe. Son plan aurait pu être parfait si l’enfant, fin stratège et habile scrutateur, n’avait été repéré par un membre de l’équipage qui procédait au décompte des passagers avant le décollage de l'avion.
La tentative d’infiltration échouée du petit desoeuvré a suscité un branle-bas dans l’aéroport, mettant à nu de graves failles sécuritaires. Al Akhbar revient sur les détails de l’enquête diligentée par les services de sécurité et de renseignements pour élucider les circonstances de cette infiltration. Aux agents de police venus l’interroger, l’enfant a expliqué s'être résigné à quitter le Maroc en espérant tirer un trait sur sa vie de SDF.
Le journal, dans son édition du week-end des 9 et 10 janvier, révèle les détails des investigations qui ont permis de retracer le parcours du jeune clandestin. Abandonné par sa famille adoptive, il finira livré à lui-même et à la dureté de la vie et se liera d’amitié avec d’autres enfants de la rue, mendiant et quémandant la bienfaisance d’âmes charitables. Il trouvera refuge parmi la communauté des réfugiés syriens, bien souvent réduits à la mendicité. Les côtoyer d’aussi près lui permettra d’acquérir leur accent et habitudes. L’idée de se glisser dans la peau d’un migrant syrien germera dans sa petite tête et le «hrig» gagne son esprit. Le seul moyen de se sortir de sa sinistre situation, c’est l’Allemagne, l’Eldorado des réfugiés syriens, auxquels il prétendra appartenir.
Ce lundi 4 janvier, sûr de son coup, il croit en sa bonne étoile et se rend à l’aéroport comme le commun des voyageurs. Le faux demandeur d’asile n'avait pas de papier d'identité sur lui et ne disposait, pour seul bagage, que d’un feuillet portant l’inscription “Je suis un réfugié syrien. Venez-moi en aide, Dieu vous le rendra”, pour amadouer les agents de contrôle. Se faisant ainsi passer pour un Syrien, l’enfant espérait se fondre dans la masse et entrer en Allemagne sans être inquiété, le cœur gorgé d’espoir. Mais, ce jour-là, son rêve ne s'est pas réalisé..