"L’inaction criminelle", titre Challenge daté ce samedi 22 juin. Non, l’hebdomadaire francophone ne consacre pas sa couverture à un fait divers, mais à un dossier qui interpelle tous les Marocains à savoir les retraites. Dans ce dossier, le magazine affirme "s’être ingénié à présenter toutes les données objectives sur l’état des différents systèmes de retraites, les projections actuariales les concernant, et les postes de travail pour assurer leur pérennité". L'hebdomadaire remet sur le tapis la réforme des retraites qui traine depuis plusieurs années et qui nécessite un "courage politique".
"Le problème explosif de la retraite au Maroc"
Pour le support, il est évident qu'à long terme, "il paraît impossible d’assurer la pérennité du système avec le mode de calcul actuel, pour la CMR en particulier". Et d’expliquer que "trois phénomènes aggravent le déséquilibre". Le premier concerne "le retard dans l’entrée dans le système, puisqu’en moyenne les nouveaux fonctionnaires ont 27 ans et qu’ils ne cotisent donc que 33 ans". "L’allongement de la durée de vie" et "la volonté de diminuer la masse salariale par la limitation des recrutements et donc ipso-facto, le nombre d’actifs par rapport à celui des retraités", tels sont les deux autres phénomènes.
Le magazine met en lumière "les grands risques qui guettent nos régimes de retraite". Pour Challenge, "le danger que vivent la plupart des régimes de retraite réside dans le risque d’épuisement des réserves". L’heure est clairement à l’action gouvernementale et "chaque mois passé dans l’attente d’une initiative de réforme coûte de l’argent et accélère l’avancement des autres régimes dans le fossé de la faillite", déplore l'hebdomadaire.
Sortie de crise ?
De l’avis de Mohamed Alaoui Abdellaoui, directeur de la Caisse marocaine des retraites (CMR), "la solution serait de mettre en place un système bipolaire (pôle public et pôle privé)". En clair, il s’agit de "contingenter et apporter les solutions adéquates aux dettes de chacun de ces pôles, tout en élargissant la couverture sociale aux indépendants".
Si plusieurs scénarii de la réforme des systèmes de retraite sont déjà prêts, le gouvernement Benkirane multiplie les effets d'annonces à ce sujet. L'Exécutif traîne les pieds parce que la refonte de la retraite est une décision impopulaire qui coûtera cher aux partis de la majorité à commencer par le PJD et l'Istiqlal.