Rabat: un accouchement tragique dans un tramway révèle les défaillances du système de santé

Un nouveau-né.

Revue de presseLa mort d’un nouveau-né à bord du tramway Rabat-Salé a provoqué une vive émotion et relancé les critiques contre les infrastructures sanitaires de Salé. Le drame met en lumière les failles persistantes du secteur de la santé. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 21/11/2025 à 20h49

Le dénouement tragique d’un accouchement à bord du tramway Rabat-Salé, survenu mercredi matin, a ému le public: le nouveau-né est décédé immédiatement après sa naissance. Cet incident bouleversant a ravivé la controverse sur la défaillance des infrastructures sanitaires de Salé, notamment leur capacité à gérer les urgences en maternité, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du weekend du 22 et 23 novembre.

La femme enceinte se rendait à l’hôpital de la maternité de Rabat, accompagnée d’un membre de sa famille, après que le centre hospitalier Moulay Abdellah de Salé lui a refusé l’admission. Le refus aurait été motivé, d’après les explications avancées, par des considérations médicales et organisationnelles. Tentant de rejoindre l’hôpital Ibn Sina à Rabat, la jeune femme a été surprise par les douleurs de l’accouchement dans le tramway. L’enfant a vu le jour dans des conditions extrêmement difficiles, sous les yeux des passagers qui, choqués, ont essayé de lui porter assistance du mieux qu’ils pouvaient, lit-on dans Al Akhbar.

Le tramway s’est immobilisé à la station suivante immédiatement après la naissance, le temps qu’une ambulance arrive sur place. Cette interruption a perturbé la circulation durant plusieurs minutes. L’émoi du public s’est amplifié lorsque des récits contradictoires ont circulé au sujet d’un éventuel refus de prise en charge au centre hospitalier Moulay Abdellah.

Face à ces allégations, le délégué du ministère de la Santé et de la Protection sociale à Salé a annoncé l’ouverture d’une enquête. Il a précisé qu’aucune donnée disponible ne permettait, à ce stade, de confirmer que la femme avait effectivement été renvoyée de l’établissement. Aucun enregistrement de son passage n’a été relevé dans les registres d’entrée et de sortie, ce qui rend nécessaire une vérification avant d’émettre le moindre jugement, écrit Al Akhbar. Le responsable a ajouté que les services de la délégation examinaient les images des caméras de surveillance pour déterminer si la patiente avait tenté d’accéder à l’hôpital et si un refus lui avait été opposé.

À l’opposé, plusieurs acteurs de la société civile ont pointé la responsabilité de l’hôpital Moulay Abdellah, estimant que le drame révèle les dysfonctionnements profonds qui touchent le système de santé à Salé. Citée par Al Akhbar, Leïla Melouane, présidente de l’Association de défense des droits des femmes, a déclaré qu’il est inadmissible que des décès continuent de survenir en raison d’une mauvaise gestion des urgences. Elle considère que l’établissement aurait dû assumer sa responsabilité, notamment en mettant à disposition un véhicule pour transférer la patiente vers l’hôpital Ibn Sina, au lieu de la laisser gérer seule une situation critique.

Melouane a ajouté que de nombreuses femmes se retrouvent régulièrement exposées à des risques graves en raison de la faiblesse des services d’urgence et du manque d’équipements adéquats dans les unités de maternité de Salé. Selon elle, ce drame doit servir d’avertissement et pousser les autorités à revoir les priorités du secteur de la santé, en renforçant le personnel, en équipant correctement les salles d’accouchement et en garantissant une prise en charge efficace des situations d’urgence, à toute heure du jour et de la nuit.

Par La Rédaction
Le 21/11/2025 à 20h49