C’est grâce à un commerce de contrebande florissant avec les présides occupés de Sebta et de Melilia, que des barons qui ont pignon sur rue à Tanger, Tétouan et Nador ont pu engranger des fortunes colossales. Mais c’est à un interminable jeu du chat et de la souris qu’ils se livrent face à la douane, dont l’escarcelle s’en ressent.
Dans son édition du jeudi 5 décembre, le quotidien Assabah révèle qu’ils sont plusieurs dizaines de riches contrebandiers qui, à chaque fois qu’ils sont traînés devant les tribunaux par l’administration des douanes, réussissent à s’en sortir en présentant des certificats d’indigence. Ils se défendent ainsi en arguant qu’ils pratiquent la contrebande, juste pour améliorer leur quotidien.
Mais, selon Assabah, et alors que l’un de ces barons «indigents» présentait son certificat au tribunal, la douane a exposé un énorme butin saisi chez lui. Il s’agit d’une importante quantité de marchandises de contrebande (produits alimentaires surtout), camions, argent liquide, entre aures richesses lui appartenant. Valeur totale de la saisie: quelque 9 millions de dirhams.
Mais il ne s’agit là que d'une infime partie visible de l’immense iceberg. Ainsi, plusieurs autres contrebandiers ont choisi de subir la contrainte corporelle, en croupissant pendant un certain temps en prison, plutôt que de déclarer leur fortune. Arrêtés pourtant en flagrant délit de contrebande, la douane n’a jamais pu prouver l’existence de leur magot réel qu’elle soupçonne à juste titre.
Assabah donne l’exemple, sur la foi de sources sûres, de plusieurs riches trafiquants de produits alimentaires et de drogue, qui gèrent leurs fortunes à partir du dortoir surpeuplé d’une prison de Tanger. Question de purger une petite peine, avant de sortir et profiter librement de la grande manne cachée!
Le quotidien pointe du doigt le laxisme de certains douaniers qui oublient parfois les caisses du Trésor public au profit de leurs poches personnelles. Et ce, soit en fermant les yeux sur la contrebande, soit en soumettant les contrevenants à de petites pénalités arrangées. D'aucuns estiment que seul l’Etat, à travers un coup de pied dans la fourmilière, pourrait mettre fin à cette situation qui lui fait perdre énormément d’argent.