Il y a quelques années encore, l’approche de l’Aïd Al-Adha marquait le début d’intenses activités commerciales.
Les hommes et les femmes pratiquant l’ensemble des petits métiers gravitant autour des célébrations et des réjouissances de cette grande fête annuelle s’activaient avec frénésie. Ce n’est pas le cas cette année, constate Annahar Al Maghribia de ce lundi 17 juin.
Le quotidien a interrogé un vendeur occasionnel de couteaux et de grille-viande, qui se désole du peu d’intérêt que son activité a obtenue cette année, lui qui a l’habitude de gagner à ces quelques jours qui précèdent l’Aïd Al-Adha, de quoi s’acheter son mouton pour le sacrifice.
Pour lui, c’est la faute au mouton, devenu très cher, voire inaccessible pour une bonne partie des ménages. «La situation devient inquiétante, le gouvernement devrait accorder un peu plus d’attention aux couches défavorisées», se désole-t-il.
Tout comme ce vendeur de couteaux, plusieurs jeunes qui pratiquent différents petits métiers à cette période de l’année émettent le même constat.
Vendeurs de charbon ou encore de foin, voire d’aliment de bétail… Tous sont unanimes, leur commerce n’a que très peu d’intérêt auprès des consommateurs.
C’est là, selon eux, le signe que tous les Marocains n’ont pu s’offrir un mouton pour l’Aïd.
Autre métier qui a tendance à disparaître ces dernières années, et dont ceux qui l’exercent pâtissent eux aussi de la situation: les aiguiseurs de couteaux qui, par le passé, avaient pour habitude de faire le tour de nombreux quartiers, plusieurs semaines avant que la fête ne commence.
Des jeunes et moins jeunes, qui ont l’habitude de profiter de cette occasion pour gagner un peu d’argent, en offrant différents services liés à cette fête, se retrouvent tous dans la même situation.
Les vendeurs de thé dans les marchés aux moutons en font eux aussi partie, tout comme les transporteurs de bêtes. Pour tout ce monde, cette année est sans doute la pire de toutes.
Mais il y a en revanche les pratiquants de certaines activités qui arrivent tout de même à s’en sortir: ce sont les vendeurs d’épices qui sont, eux, très sollicités en cette période de l’année, malgré une hausse significative du prix de ces denrées.
Tous ceux interrogés par le quotidien sortent la même rengaine: «les moutons sont excessivement chers cette année».
Pourtant, écrit Annahar Al Maghribia, le gouvernement a bien pris l’ensemble des indispensables dispositions à même de permettre au plus grand nombre de ménages d’accomplir le rituel du sacrifice.
L’importation de moutons en grand nombre a été ouverte, sans qu’aucun droit de douane ni aucune Taxe sur la valeur ajoutée ne soit exigés.
Plus encore, le gouvernement a accordé une subvention de 500 dirhams par tête aux importateurs.
Un simple calcul, souligne un élu au Parlement, du Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition), interrogé par le quotidien, permet d’en conclure qu’un budget global (ou enveloppe) de 300 millions de dirhams d’aides publiques a été mobilisé pour les 600.000 bêtes qui ont été importées en cette année 2024.
À cela, s’ajoute un montant supplémentaire de 500 millions de dirhams, sous forme d’exonération de la TVA, a ajouté le quotidien.
Toutes ces mesures n’ont pas empêché, explique un autre député du PPS, lui aussi interrogé par le quotidien, que la crise impacte malheureusement le pouvoir d’achat d’un grand nombre de ménages, ne leur permettant pas de s’acquitter de l’achat de leur mouton de l’Aïd Al-Adha, étant donné les prix pratiqués par les éleveurs, les importateurs, les nombreux engraisseurs et, surtout, la constellation d’intermédiaires.