La native de Jerada, qui se met vent debout contre toutes formes de nihilisme et d’inertie, ne ménage ni temps ni effort pour se rendre au chevet notamment des femmes en situation difficile et des jeunes déscolarisés.
Celle qui a l’étoffe d’une véritable leadeuse, croit en l’intelligence collective, le partage des idées et la fédération des efforts et se dit persuadée que "l’esprit d’initiative est la clé de voûte de l'épanouissement personnel", un leitmotiv qui revient fréquemment dans l’entretien qu’elle a accordé à la MAP.
Pour la fondatrice de l’Association coopération et développement (CODEV), sise au quartier Hassi Blal (Jerada), son implication associative vise à concevoir des alternatives socio-économiques au niveau local surtout après la fermeture de la société Charbonnages du Maroc (CDM). Et de renchérir que le champ d’action de CODEV, créée en 2006, inclue, entre autres, l’insertion sociale, l’écoute et l’appui aux femmes victimes de violence et la formation professionnelle adaptée aux besoins du marché de travail, notamment l’hôtellerie, la couture ou encore la coiffure.
Lire aussi : Portrait. Hanane El Oumami, la police montée au féminin
Décidée d’aller au bout de ce challenge, cette quinquagénaire, qui garde toujours un lien très fort avec sa ville natale, a entrepris dans le cadre de l’association plusieurs actions portant sur l’accompagnement et la requalification des jeunes déscolarisés relevant de la région, leur permettant de créer leurs propres projets dans un monde du travail résolument tourné vers la polyvalence et les compétences.
L’encadrement n’est pas en reste. Elle a cité à cet égard la formation assurée à la coopérative Badail, qui s’est frayée son propre itinéraire dans la production et la commercialisation de dérivés de blé.
"Si l’oisiveté est la mère de tous les vices, il n'est pas moins vrai de considérer le volontariat le père de toutes les vertus", estime Jemaa, celle dont le credo est l’engagement, la persévérance et un amour incommensurable pour l’action associative.
Jemaa n’a pas manqué de saluer, par ailleurs, l’apport inestimable de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), qui a foncièrement contribué à l’appui et la promotion de nombreux projets dont le dénominateur commun est le développement socio-économique et le désenclavement du monde rural.
Lire aussi : Portrait. Hakima Yahia, madame ""expertise ADN"" de la police
Si aujourd'hui, le succès de Jemaa fait quasiment l'unanimité, c'est parce qu'elle n'a à aucun moment lâché prise. "Certes, le parcours de tout un chacun est parsemé de contraintes et handicaps, mais le défi est d’œuvrer sans répit pour atteindre les objectifs fixés", s’est-elle-enthousiasmé.
Après des études primaires et secondaires à Jerada où elle décrocha son baccalauréat en sciences expérimentales, Jemaa a débarqué à Oujda pour poursuivre ses études universitaires, où elle a obtenu une licence en géologie.
Ayant dans le sang la passion de la science de la terre, Jemaa, a jeté son dévolu sur la production et la commercialisation des produits cosmétiques à base de plantes aromatiques et médicinales, son terrain de prédilection pour lequel elle a tant travaillé se basant en cela sur la richesse floristique de la région, notamment le lentisque, la calendula ou encore l’armoise.
Elle a dans ce sens mis en avant la contribution de plusieurs partenaires notamment l’Entraide nationale et le ministère de l’Agriculture qui s’est chargé de la formation d’environ 75 personnes. Le défi pour elle aujourd’hui est d’acquérir une assiette foncière sur laquelle, l’association peut développer sa production, une démarche qui aura, à coup sûr, un impact positif à bien des égards.
"L’action associative cultive en nous l’éducation sur le respect de l’autre, l’altruisme, l’épanouissement de soi, la citoyenneté et l’attachement indéfectible aux valeurs démocratiques", a-t-elle dit. "Dans mon propre cas, comme celui de mes collègues, le monde associatif m’a aussi permis d’apprendre comment gérer un projet, d’assimiler les démarches administratives, de gérer une équipe, d’investir les réseaux, de partager mes passions avec les autres et j’en passe et des meilleurs".
L'associatif, pour elle, est plus qu'une passion "il coule dans mes veines", résume-t-elle.
Évoquant la célébration de la Journée internationale de la femme (8 mars), Jemaa considère que cette journée constitue l'occasion pour saluer les réalisations de la femme marocaine et de reconnaître le rôle de premier plan qu'elle joue dans le développement de la société et dans les différents centres de décision.