Portrait. Hanane El Oumami, la police montée au féminin

Hanane El Oumami, gardien de paix chargée de dressage des chevaux à l'Ecole de la cavalerie de police de Kénitra.

Hanane El Oumami, gardien de paix chargée de dressage des chevaux à l'Ecole de la cavalerie de police de Kénitra. . DR

Courage, audace et bravoure, tels sont les traits de caractère qui distinguent la jeune cavalière, Hanane El Oumami, gardien de paix chargée de dressage des chevaux à l'Ecole de Cavalerie de Police de Kénitra, relevant de l’Institut royal de la police.

Le 03/03/2018 à 16h52

Ces traits saillants qui illustrent un modèle incontesté de la police équestre, reflètent l’image d’une femme marocaine moderne et authentique, impliquée avec abnégation dans sa mission et ouverte sur son environnement. Une femme épanouie qui s’impose dans la société et excelle en toutes circonstances.

Conciliant discipline, prestance féminine, force de caractère et amabilité, cette jeune cavalière de 30 ans à peine, ne s’est pas faite de barrière majeure pour se lancer dans une carrière généralement dominée par les hommes.

Après avoir obtenu sa licence en droit privé à la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat-Souissi en 2009, cette native de la Capitale a rejoint l’Ecole de Cavalerie de la police de Kénitra en 2013, aux côtés de cinq collègues femmes, après avoir reçu une formation fondamentale de six mois en police.

En effet, l’an 2013 a été une année «historique» non seulement dans le parcours de Hanane, mais aussi dans la trajectoire de l’Ecole de la Cavalerie de police de Kénitra, qui a ouvert pour la première fois ses portes à la gent féminine.

Cette décision ambitieuse, qui vient en application aux Hautes directives Royales, s’inscrit en conformité avec la politique nationale d’ouverture conduite par le roi Mohammed VI dans l’ensemble du Royaume, notamment dans les différents services relevant de la Direction générale de la sureté nationale (DGSN), en vue d’accorder à la femme marocaine la place éminente qui lui échoie au même titre que l’homme.

Hanane se remémore de cette année avec beaucoup d’émotion. Sa grande passion pour les chevaux est aussi à l’origine de ce choix majeur dans son parcours professionnel. Bien qu’elle n’ait jamais eu l’occasion de monter un cheval, elle avait la conviction que la grandeur, la vigueur et la gloire que ce noble animal inspire l’appellent à une expérience qui valait le coup! 

Après des négociations en petit comité au sein de sa famille, au début dubitative sur la capacité de leur fille de surmonter les défis que présentent cette profession réservée, dans l’imaginaire collectif, à la gent masculine, Hanane, très déterminée et sans concession sur ses choix de vie, a rapidement réussi à gagner le soutien de sa famille et, plus encore, à déconstruire ce préjugé.

En effet, les craintes qu’elle avait nourries au début se sont vite éclipsées et ont cédé la place à un sentiment de confiance et de fierté. Reconnaissante, elle se réjouit de l’éblouissement, l’encouragement, voire l’applaudissement des gens qui se sentent en sécurité quand elle mène, lors de ses patrouilles, une mission de sûreté dans une forêt, un parc public ou une plage.

Hanane n’en est pas moins fière d’avoir participé à la sécurisation, entre autres, de la Coupe du monde des clubs, la COP22 et du Festival Mawazine. Car, outre les missions de sûreté qui consistent essentiellement en la couverture sécuritaire des lieux à accès difficile pour les véhicules et les patrouilles motocyclistes, tels que les sites touristiques, les parcs, les jardins publics, les zones forestières et urbaines, les brigades équestres doivent également veiller au maintien de l’ordre public, notamment, à l’occasion des manifestations sportives ou artistiques.

Les parades sont les autres moments de grande fierté dans le métier de Hanane. Pour elle, c’est l’occasion idoine pour dévoiler ses talents équestres dans des spectacles artistiques qui offrent au cavalier davantage de liberté, de créativité et de manœuvre pour être en parfaite symbiose et harmonie avec son cheval, comme ce fut le cas lors du dernier Salon du cheval d’El Jadida.

Courage et persévérance, Hanane en avait besoin au début de sa carrière à cause de «petites difficultés» qu’elle a rapidement surmontées, grâce au soutien et la bienveillance que lui ont montrée, dès le premier jour, ses collègues hommes.

Forte de son engagement, sa ténacité, mais aussi de sa sensibilité féminine, Hanane estime qu’autant ce métier forge le caractère de la femme, il lui apporte aussi beaucoup de force et de constance. Il lui permet également de mettre en avant ses qualités féminines pour se distinguer par rapport à l’homme.

Ses principaux atouts sont bien évidemment sa délicatesse et son caractère affectif qui peuvent l’aider à dresser facilement un cheval et apprivoiser son tempérament. Un constat confirmé au fil des années depuis que la première promotion des femmes policières avait rejoint l’école de cavalerie de police à Kenitra.

Son sens de responsabilité élevée, son enthousiasme et sa grande motivation ont fait de Hanane ce qu’elle est aujourd’hui. Une femme disciplinée et dotée d’un bon sens de l’écoute qui lui a fait gagner la confiance de ses supérieurs hiérarchiques et le respect de ses collègues.

Faisant de la bonne volonté sa devise au quotidien, cette jeune cavalière s’estime aujourd’hui «plus forte que jamais» car son métier lui a permis de «ressortir ses forces intérieures et combattre la peur». Après quatre ans de service à l’école de Cavalerie, elle se sent prête à expérimenter de nouvelles missions et à affronter de nouveaux défis.

De ce fait, elle conseille aux femmes à ne jamais s’autolimiter, à croire en elles, à avoir de l’ambition et à percer, chacune dans son domaine d’expertise, car «la bonne volonté trouve le moyen et l’opportunité!».

Par Nabila Zourara (MAP)
Le 03/03/2018 à 16h52