C’est profondément traumatisés que des commerçants de la place Jemaâ El Fna racontent ce «quart d’heure de fin du monde», vécu comme une parenthèse apocalyptique. Au lendemain de la tempête de sable qui a frappé la ville de Marrakech, mais aussi les côtes d’Agadir, le jeudi 10 août en début d’après-midi, ils étaient nombreux à décrire ces scènes terribles de panique et d’effroi.
«Ce qui s’est passé hier, c’était du jamais vu. Les chevaux ont pris peur, les serpents des charmeurs rampaient dans tous les sens. Nous étions plongés dans l’obscurité totale. On aurait dit «yaoum al-Qiama» (le jour du jugement dernier, NDLR)!», s’exclame Mohammed El Ghazouani, conducteur de calèche. «La scène nous a rappelé ce que nous parents nous racontaient à propos de l’année des ténèbres. C’est ce que nous avons vécu hier, pour la première fois», poursuit-il.
La violente tempête a causé le décès d’un jeune homme, écrasé sous un arbre arraché par les fortes rafales de vent. Et selon Abbas, un charmeur de serpents, deux autres personnes parmi ses connaissances auraient été admises au service de réanimation et se trouveraient entre la vie et la mort.
Les vents violents, dont la vitesse a dépassé les 80 km/h, ont également laissé derrière leur passage d’importants dégâts matériels. Plusieurs commerçants ont vu leurs échoppes détruites, des charmeurs de serpents ont perdu leurs animaux et gagne-pain, alors que des restaurateurs de la place se sont retrouvés avec des étals endommagés.
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Youssef, vendeur de jus de fruits, en fait partie: il a vu, impuissant, le toit de sa cabane s’envoler devant ses yeux. «Je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi effrayant. Honnêtement, je pensais que ma fin était proche», confie-t-il, encore sous le choc.
«La tempête était d’une force incroyable. C’était du jamais vu! Nous étions plongés dans l’obscurité totale, et il était de toute façon impossible d’ouvrir les yeux», témoigne Abbas, toujours secoué par le souvenir de cet intermède d’horreur. «Cela a duré un quart d’heure, mais on aurait dit des heures. C’était l’enfer. Tout le monde a commencé à prononcer la chahada tellement l’ambiance était apocalyptique», ajoute-t-il.