Or: la Douane mène une opération d’envergure contre la fraude

Des lingots d'or et d'argent se sont déversés sur la piste. 

Des lingots d'or et d'argent se sont déversés sur la piste.  . AFP

Revue de presseSoupçons de falsification de poinçons, blanchiment d’argent, trafic transfrontalier et ventes suspectes sur les réseaux sociaux: les enquêteurs ont placé les bijoutiers sous haute surveillance, avec Casablanca en point de mire. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 02/10/2025 à 20h16

L’administration des Douanes a lancé, ces dernières semaines, une vaste opération de contrôle des bijoutiers et des négociants en or dans plusieurs grandes villes du Royaume. Cette campagne, décrite par des sources proches du dossier comme «l’une des plus rigoureuses jamais menées dans le secteur», cible principalement les soupçons de falsification et de fraude autour des poinçons officiels apposés sur les bijoux, indique le quotidien Assabah dans son édition du vendredi 3 octobre.

Une commission centrale d’inspection a entamé des audits approfondis à Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Fès-Meknès. Les enquêteurs, épaulés par les unités de veille et d’analyse des risques de l’administration, passent au crible les registres douaniers et les documents d’importation et de distribution des commerçants. L’opération a été déclenchée après la remontée de données jugées préoccupantes sur certaines transactions réalisées par de grands opérateurs du marché, lit-on.

Les premiers résultats des investigations font état de fortes présomptions de falsification de poinçons officiels, utilisés pour recycler de l’or et le remettre sur le marché. Cette pratique, hautement lucrative, aurait permis à certains acteurs de dégager des marges considérables en toute illégalité.

Pour resserrer l’étau, l’administration s’appuie désormais sur la base de données numériques SAAD, qui permet une évaluation automatisée des risques en mettant l’accent sur des indicateurs de blanchiment d’argent et d’irrégularités dans l’approvisionnement en matières premières, explique Assabah.

La métropole économique concentre l’essentiel des contrôles. Elle est devenue, selon les mêmes sources, une véritable plateforme numérique de revente d’or via les réseaux sociaux, notamment TikTok, où se multiplient des ventes en direct à des prix anormalement bas. Une tendance qui a renforcé les doutes des autorités sur l’existence de circuits parallèles et d’écoulement de produits suspects.

Les investigations ne se limitent pas aux transactions locales. Elles s’étendent aux flux transfrontaliers via les aéroports marocains, particulièrement en provenance d’Europe et du Golfe. Des lingots et des bijoux en or 22 et 24 carats seraient introduits sur le territoire puis fondus dans des ateliers clandestins avant d’être revendus avec des factures et des documents douteux.

Plusieurs bijoutiers ont été sommés de livrer des informations détaillées sur leurs importations et exportations, alors que plane le soupçon d’un marché noir alimenté par de l’or de contrebande ou volé. Parallèlement, la douane a renforcé ses contrôles sur les voyageurs. Si la loi exempte en principe les femmes de déclaration jusqu’à 500 grammes d’or, en cohérence avec leur statut social, les cas jugés suspects font désormais l’objet de fouilles systématiques.

Autre dérive détectée: la falsification de poinçons sur des pièces anciennes, connues sous l’appellation de «dèk lqdim» (vieux poinçon). Ces pratiques illégales ont suscité la colère de nombreux artisans bijoutiers, qui ont déposé des plaintes officielles. Ces derniers demandent l’instauration de poinçons individualisés par atelier ou société, afin de protéger la production locale et de mettre un terme à la spirale des fraudes et du trafic illicite.

Cette opération coup de poing pourrait marquer un tournant dans la régulation du secteur aurifère marocain, à la croisée entre tradition artisanale et enjeux financiers colossaux.

Par La Rédaction
Le 02/10/2025 à 20h16